Après « En moins bien », Arnaud Le Guilcher intitule son second roman « Pas mieux ». Il a de la suite dans les idées cet écrivain-là, mais surtout un humour des plus dévastateurs. On retrouve notre héros, quinze ans après les aventures de la dune chantante de Sandpiper. Sa vie est retombée dans la monotonie. Il a replongé dans l’alcool. " L’alcool était une béquille qui permettait d’oublier la hauteur dont on s’écroule". C’est le soir de Noël et pendant qu’il s’affaire à fourrer la dinde, la sonnette retentit et là, surprise ! Emma, sa femme qui l’a platement quitté le soir de sa nuit de noces, se trouve là devant lui. " Elle était celle dont l’absence avait mis ma vie entre parenthèses durant près de quinze ans. Elle était devant moi. Réelle et palpable. Semblable à celle qui fut ma femme, et immensément étrangère à celui que j’étais devenu."
Quel choc également de découvrir que son fils, qu’il va appeler « Commoi », est un gothique de la pire engeance. " Il était atroce, caricatural et grotesque. Il était laid et il foutait les foies. S’il n’avait pas été mon rejeton, je lui aurais jeté des cailloux. Je me serais aussi accroché une guirlande d’ail autour du cou pour me préserver d’une éventuelle attaque de canines…". On retrouve le style et l’humour décalé de cet auteur. Une fois de plus, on passe par toutes les émotions dans ce roman feu d’artifices. On rigole beaucoup au début de ces retrouvailles improbables. On se surprend souvent à rire tout seul pour une phrase, ou un trait d’humour. Sentiment plutôt rare et étrange pour un lecteur mais qui fait un bien fou. Ce livre est donc à conseiller si vous sortez d’une semaine morose. La tendresse s’immisce aussi, notamment quand le père et le fils vont finir par se rapprocher, s’apprivoiser. Cela donne de magnifiques pages sur la filiation. La tristesse n’est jamais bien loin non plus. On y découvre New-York sous un nouveau jour. Et on y croise « The King » et « The king of the pop ». Je ne vous en dis pas plus ! On retrouve avec plaisir une partie des personnages d’ « En moins bien » et on en découvre de nouveaux, tout aussi gratinés.
Celui qui aura la bonne idée d’acheter les droits d’adaptation au cinéma de ces deux romans tirera le gros lot ! Il y aurait moyen d’en tirer un film excellentissime ! Avec une bande originale des plus terribles, entre les Stones, Johnny Cash, Elvis et Michael Jackson…
Nothingman - Marche-en- Famenne - 45 ans - 4 février 2012 |