la balade des vivants-vivants
de Sapiens

critiqué par CHALOT, le 20 janvier 2012
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
une BD muette qui montre un monde autrement
LA BALADE DES VIVANTS VIVANTS

prix: 10 €
escargotjoyeux@laposte.net

« Les premières bandes dessinées muettes ont pour origine la presse. Elles apparaissent vers 1860 dans les hebdomadaires satiriques allemands comme le Fliegende Blätter et seront importées en France par Caran d’Ache (1859-1909)(fig.1) vers 1880 dans des revues comme Tout Paris, ou Le Chat Noir. »
Si les bandes dessinées classiques avec des dialogues et sous titres sont de loin les plus courantes sous la forme d'albums, quelques dessinateurs ont choisi le muet intégral afin de laisser au « lecteur » le loisir de suivre l'histoire et d'imaginer les dialogues.
Sapiens qui a commencé à dessiner dans des fanzines a décidé de réaliser un « vieux » projet : dessiner des planches de dessins , le « lecteur » pouvant inventer complètement l'histoire ou laisser aller totalement son imagination.
Rejetant cette société de violences et de profits, où les pauvres s'appauvrissent et les riches s'enrichissent, il a rêvé d'une autre vie....
Ces cités si décriées par beaucoup et laissées à l'abandon pourraient très bien être des lieux où il fait bon vivre ensemble.
La solidarité pourrait être roi....
C'est la balade des vivants vivants qui discutent entre eux, organisent de grandes tablées, inventent une utilisation originale des espaces....
Et le travail dans tout cela?
La BD devait sortir fin décembre 2011 , à l'occasion du centenaire de Paul Lafargue, ce marxiste qui a osé écrire et défendre « le droit à la paresse »...Sapiens est libertaire et non marxiste mais qu'importe, ce Lafargue a apporté beaucoup au mouvement social qui semble l'avoir oublié.
Les personnages ne sont pas « paresseux » proprement dit, ils vivent autrement, certains, du moins ceux qui arrivent à trouver du travail sont salariés ou fonctionnaires, d'autres sont chômeurs mais tous participent activement même à la vie de la cité, prenant en charge certaines tâches....Voici que je me mets à interpréter...C'est ma lecture : c'est toute la magie du livre : tout le monde écrit dans sa tête son scénario.
Chaque planche, réalisée minutieusement à la main a demandé au dessinateur 5 et 10 jours de « travail » ...Il ne s'agit pas d'un travail puisque Sapiens était dans le libre choix.!

Jean-François Chalot