Les allées du pouvoir
de Marie-Laure Delorme

critiqué par Veneziano, le 29 décembre 2011
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
L'ENA, aller-retour doré pour le pouvoir
L'auteure prend le choix de la méthode empirique, par le biais de neuf portraits, pour montrer les modes d'entrée à l'Ecole nationale d'administration (ENA), dans les grands corps de l'administration, dans la politique et le mode de passation, non obligatoire, dans le secteur privé, procédé dénommé "pantouflage", que les neuf protagonistes ont décidé de pratiquer.

Une grande école est nécessaire pour accéder à la formation administrative d'élite, Science po Paris (l'Institut d'études politiques de Paris) aidant encore un peu davantage : ça n'est pas vraiment un scoop. Les parcours croisés de cette génération des quadras et quinquas d'aujourd'hui avec leurs aînés est toujours intéressante. Si le thème n'est pas totalement novateur et le ton assez clair, ce dernier n'est pas au mieux didactique, ni même exhaustif. En effet, la motivation de passer le concours d'entrée n'apparaît pas dans la meilleure clarté. Si le concours d'entrée et la scolarité sont décrits, ce n'est que de manière parcellaire et quelque peu décousue : la synthèse des éléments restituée ne s'avère donc pas optimale. Si le grand oral, devenu entretien de recrutement, reste le temps fort, qu'en est-il du reste des épreuves ? Les trois stages en alternance à l'ENA sont bien décrits, la formation sur place de manière beaucoup diffuse.
Si le classement final est bien évoqué, avec l'issue espérée des grands corps pour les meilleurs, ceux-ci ne sont pas décrits, et ne révèlent que fort peu à quoi ils correspondent. Ce livre s'adresse donc aux initiés, et risque de ne pas apprendre clairement ce qui est fait au Conseil d'Etat, à la Cour des comptes ou à l'Inspection générale des finances.

Les parcours décrits sont intéressants, leurs relations au politique également, ainsi que leur sortie de la sphère publique pour se diriger pour le privé, l'administration n'étant pas un sacerdoce, mais quand même un engagement. Y a-t-il un parti pris de l'auteure consistant à dire que l'ENA, avec la perte de l'influence de l'Etat, conduirait fatalement à la sortie de l'administration ? La question peut se poser ; et je regrette que des exemples inverses, d'énarques y étant restés n'ont pas été pris.
Il est intéressant de retrouver des profils connus, comme Martin Hirsch, Jean-François Copé, Nicolas Bazire ou Denis Olivennes pour les plus médiatisés ; mais l'ensemble manque, à mon goût, de structure, apparaît quelque peu décousu, ce qui risque de donner une impression de flou à la lectrice ou au lecteur lambda, désireuse ou désireux de découvrir un monde étranger ; une auto-formation pour lire ce livre, ou mieux le comprendre a posteriori pourrait s'avérer nécessaire, ce qui est dommage. Il apporte cependant, et évidemment, des éléments d'information.