Miss Mackenzie
de Anthony Trollope

critiqué par Alma, le 13 décembre 2011
( - - ans)


La note:  étoiles
Le charme discret de la bonne société victorienne
Dur, dur , d’être encore demoiselle à 35 ans dans l’Angleterre victorienne . Pauvre Miss Mackenzie, qui après avoir vécu dans l’ombre de son frère désormais disparu, doit exister par elle-même, se faire une place dans un monde où la femme n’a d’existence que par son mari . Convoitée par 3 soupirants, le chemin est étroit, tiraillée entre la nécessité de rentrer dans le moule d’une société corsetée et l’envie de rester elle-même et de conserver une certaine dose d’autonomie .

Un long et savoureux roman très british dans lequel Anthony Trollope observe avec humour le conformisme de la bonne société de l’époque, tout en gardant une capacité de distance et de dérision face à ses nombreux préjugés . Tout au long de l’œuvre, l’auteur entretient avec son lecteur un jeu subtil fait de complicité . Tantôt, il l’appelle à partager les malheurs de son héroïne « je frémis lorsque je pense que notre Margaret » , tantôt, par ses intrusions d’auteur « j’atteste que ….» il le prend à témoin et s'attache à le convaincre qu’il donne à sa fiction la caution de la réalité .

Un délicieux roman au charme un peu désuet .
Trollope et les femmes... 8 étoiles

Même si les femmes avaient très peu d’influence au XIXe siècle, Trollope leur a accordé une grande importance dans ses romans, leur a consacré quelques-uns de ses personnages les plus intéressants tout en demeurant fidèle à la condition sociale de celles-ci à cette époque…
Il m’est très agréable de partager mon admiration pour cet auteur avec au moins une autre lectrice de ce site, je me suis donc empressée de lire cet ouvrage que je ne connaissais pas; malheureusement, ce n’est pas mon préféré…
Je ne remets nullement en question ma prédilection pour ce magistral jongleur avec les mots et cet humble roman est de loin supérieur à plusieurs ouvrages insipides et insignifiants qui foisonnent aujourd’hui.
Fidèle à lui-même, Trollope pose un regard critique sur les complexités dominantes de l’ère victorienne : l’argent, la position sociale, le mariage, les affaires… et la religion, plus présente dans ce livre que dans l’entière saga ecclésiastique (6 tomes) que j’ai lue précédemment!
Aussi, fidèle à son style, Trollope dépeint le personnage de Miss Mackenzie sans concession, sans condescendance; malgré le fait qu’il définit celle-ci comme une «vieille fille dénuée de charme» dans son autobiographie, son humilité, sa générosité et sa dignité font de Miss Mackenzie, encore une fois, un personnage des plus attachant.
La légère retenue manifestée dans mon appréciation n’est relative qu’à mon engouement illimité pour mes autres lectures de cet auteur, elle n’est relative qu’au sujet, non à la forme!
N.B. J'ai lu ce livre dans sa version originale anglaise sur mon Kindle...

FranBlan - Montréal, Québec - 81 ans - 7 janvier 2012