Délaissé
de Fred Léal

critiqué par Daniel Bejar Hanán , le 7 décembre 2011
( - 83 ans)


La note:  étoiles
délassant
Délaissé peut se lire comme le journal de bord d’un généraliste forcément altruiste, militant, solitaire-spectateur de sa vie, de la vie en général et sous toutes ses formes. C’est aussi et peut-être surtout le roman d’un homme qui se perd et se cherche comme père. Un de ces héros ordinaires, ni trop noir, ni tout à fait ridicule.

On est loin des textes précédents de Léal, bien loin des expérimentations placées sous l’égide de Maurice Roche. Il y a bien ces effets de style, destinés à briser les lois du récit un, cohérent, continu : alternance de phrases évoquant le passé plus ou moins lointain du narrateur, et le présent-brûlant de ses pensées et des événements. Episodes de l’enfance, de l’adolescence et d’internat qui se mêlent aux séquences de la vie de médecin…ce qui contribue à casser l’effet feuilleton professionnel, piège du genre. Mais à force, le procédé est usant, usé, tourne à la facilité, au rictus vide de sens ; bref, à la grimace. Un peu à l’image de ces « & » rouillés…

Mais voilà qui est sévère. Car on ne décroche pas de ce livre qui se permet beaucoup. Prenez la fin : mélange de mélo et de polar qui ne détonne pas dans l’ensemble déjà disparate ce bouquin dévorant. Délaissé, ce n’est pas le quotidien plat d’un médecin en cabinet, pas non plus les aventures trépidantes d’un toubib intrépide…c’est un récit ancré dans la réalité la plus triviale du praticien, un témoignage sur une manière d’investir ce métier, une fiction qui ne se prive pas du recours aux référents autobiographiques.

Un livre qui montre que Léal ne se contente pas d’exploiter un filon littéraire, ni de se faire une place au chaud dans une de ces petites chapelles littéraires…aimerait-on croire.

Daniel Béjar Hanán