Sur le suicide suivi de L'immortalité de l'âme
de David Hume

critiqué par Oburoni, le 19 novembre 2011
(Waltham Cross - 41 ans)


La note:  étoiles
Dieu, la mort et nous
Dans "Sur le Suicide" David Hume gifle la position du clergé chrétien sur le suicide. Péché ? Bien au contraire ! Si les lois qui régissent la nature sont soumises à la volonté d'un Dieu alors rien ne s'oppose à ce que cette volonté régisse, aussi, la nature humaine et nos passions... Loin d’être une atteinte au caractère sacré de la vie commettre un tel geste ne serait alors qu'obéir aux lois de la divine providence. Pourquoi, dès lors, le condamner ?

"C'est une forme de blasphème que d'imaginer n'importe quelle créature capable de perturber l'ordre du monde, ou envahir les affaires de la providence ! Cela suppose que cette créature possède des pouvoirs et facultés qu'elle n'a pas reçus de son créateur et qui ne sont pas soumis à son autorité."

Au-delà de l'argumentaire sur l'aspect moral du suicide Hume, brillamment, laisse voir à merveille combien il est aisé de défendre tout et son contraire à invoquer un Dieu (dont on ne connait pas grand chose mais qu'on affuble pourtant trop souvent de nos préjugés) pour résoudre des questions d'ordre éthique.

Autre pavé dans la mare et tout aussi caustique "De l'immortalité de l’âme" s'attaque à une autre des grandes croyances du christianisme : la vie après la mort.

Utilisant des arguments d'ordre physique, moral et métaphysique, déployant de brillantes analogies le philosophe a l'audace d'en rejeter l'idée en bloc. Sa propre attitude sur son lit de mort, serein et non dénué d’humour tout en étant persuadé que son dernier soupir serait la fin fit d'ailleurs un fameux scandale.

Deux petits textes, très courts mais à la portée immense ne serait-ce que par la qualité et la pertinence des arguments qu'ils apportent à des débats encore houleux. On parle, au fond, de ce qui nous touche tous : notre attitude face à la mort.