Du lait aigre-doux
de Nuruddin Farah

critiqué par Septularisen, le 17 novembre 2011
(Luxembourg - 56 ans)


La note:  étoiles
TRAGEDIE SOMALIENNE
Le récit se déroule en Somalie dans la ville de Mogadiscio. Le pays est sous le joug d’une dictature sans concessions, menée d’une main de fer par le «Général». (Aucun autre nom ne le désignera tout au long du livre).

Nous suivons, le destin tourmenté de deux frères jumeaux Soyann et Loyann. Tous deux ont fait des études universitaires en Europe chez l’ancien colonisateur Italien.
Au début du récit Soyaan, un très brillant économiste attaché à la Direction de la planification de la Présidence, meurt mystérieusement dans d’atroces souffrances, dans les bras de son frère.
Bien qu’aucune autopsie n’est pratiquée avant l’enterrement, Loyann, un modeste dentiste de campagne, est persuadé que son frère a été empoisonné…

Oui, mais comment et par qui ?
Alors que le Général récupère à des fins de propagande politique et avec la complicité de Keynann le père des jumeaux, la mort de Soyann, en le faisant passer pour un héros de la nation, Loyaan décide de son côté de mener l’enquête auprès de toutes les connaissances de son frère, pour découvrir la vérité sur sa mort…

Loyann découvre très vite que son défunt frère menait véritablement une double vie secrète. Il avait une femme et un fils cachés. Mais surtout, il n’était pas seulement le brillant et respecté économiste au service de la Présidence que tous le monde connaissait, mais surtout un «résistant de l’intérieur», le meneur d’un groupe clandestin d’opposants au régime du Général…

« Du lait aigre doux », est le premier tome (on peut toutefois lire chaque livre individuellement, l’histoire ne se suivant pas), d’une trilogie intitulée « Variations sur le thème d’une dictature africaine » où Nuruddin FARAH dénonce sans fioriture et sans aucune concession la dictature militaire en Somalie. (Pour ceux qui connaissent, ce livre ressemble très fort au livre "Monsieur le Président" de l'écrivain Guatémaltèque et Prix Nobel de Littérature 1967 Miguel Angel ASTURIAS)...
L’idée de départ est bien sûr très louable... Mais malheureusement, non seulement le livre est très touffu et très ardu à lire, avec des digressions dont on aurait sans aucun doute pu se passer, mais en plus le récit manque de souffle, d’amplitude.
J’ai regretté que l’auteur ne donne pas plus d’intensité à son histoire, le récit est vraiment trop linéaire, trop conventionnel, trop enfermé dans des "carcans", il manque vraiment d’ambition, et il n’y a quasiment pas d'histoire…
L’auteur se contente de nous raconter la vie et le destin de quelques personnages qui tentent au quotidien avec les « moyens du bord » de résister à la dictature…
Toutefois, les personnages vivotent, s’agitent, remuent parfois, brassent beaucoup d’air… mais pour pas grand-chose à la fin!.. Ils se contentent de laisser le «destin» bon ou mauvais – et dans une dictature il est forcément mauvais – se dérouler et agir à leur place…

Ce livre m’a laissé très perplexe par son manque de qualités, je suis resté sur ma faim, je dois dire que je m’attendais à beaucoup mieux, et sans doute à cause de cela je suis peut-être passé un peu à travers… J’ai vraiment eu des doutes, surtout quand on sait que le nom de Nuruddin FARAH revient régulièrement pour le Prix Nobel de Littérature…
Je prévoyais de lire les trois livres de la trilogie, mais après la lecture de ce premier tome, je me demande franchement si cela en vaut la peine?