900 jours, 900 nuits, dans l'enfer d'une prison équatorienne : Comment un homme seul a fait plier un Etat
de Daniel Tibi

critiqué par CC.RIDER, le 22 décembre 2012
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Un témoignage aussi poignant qu'émouvant
A Guayaquil (Equateur), alors qu'il s'apprête à embarquer dans un avion pour Paris, Daniel Tibi, jeune négociant en pierres précieuses, est arrêté par la police qui le soupçonne de faire partie d'un cartel de narco-trafiquants colombiens. Il subit un interrogatoire « musclé » mais n'avoue rien car il est innocent et simplement victime d'un coup monté par un ancien ami, concurrent envieux de sa réussite et désireux de se venger de l'inconstance de son amie. Daniel Tibi est incarcéré dans la « quarantaine » de la monstrueuse prison de la ville. Un véritable enfer où la vie d'un homme n'a pas le moindre prix, où voleurs, tueurs et autres drogués font la loi. Il lui faudra payer pour tout : repas, protection, simple accès à la promenade. Il sera battu, agressé, volé, torturé par la police à plusieurs reprises. Un calvaire qui durera 848 jours et 848 nuits (de septembre 1995 à janvier 1998), le laissant aux frontières de la mort et de la folie. Malade, blessé gravement et ne pesant plus que 46 kg, il devra subir plusieurs opérations et une longue convalescence lors de son retour en France. Il mettra 12 ans avant d'arriver à se décider à écrire ce livre.
Témoignage aussi poignant qu'émouvant, digne des récits des prisonniers du Goulag russe ou du Lao Gaï chinois avec cette injustice supplémentaire d'être emprisonné pour rien, sans raison et cette impression d'être la victime d'une administration kafkaïenne, arbitraire (Tibi n'a jamais été interrogé par un juge d'instruction, il n'a pas eu l'aide d'un avocat et tous ses droits ont été bafoués) et totalement corrompue (sa voiture ainsi qu'une mallette pleine de pierres précieuses lui ont été dérobées par la police et à chaque niveau, on lui a toujours demandé de l'argent pour tout). Dans ce dernier cercle de l'enfer, sa survie n'a tenu qu'à un fil. Il lui a fallu une rage de vivre exceptionnelle pour en réchapper. Il se surprend d'ailleurs lui-même par certaines de ses réactions d'une violence quasi insensée . Il doit se battre comme un fauve pour s'emparer d'une cellule, pour ne pas se faire détrousser et même pour respirer autre chose que du crack. Un document hallucinant qui montre que l'homme peut vraiment être un loup pour l'homme et que dans l'univers carcéral il existe bien des degrés dans l'horreur. A déconseiller aux âmes sensibles.