Au-delà des pyramides
de Douglas Kennedy

critiqué par Monocle, le 5 novembre 2011
(tournai - 64 ans)


La note:  étoiles
surprise
Un "Douglas Kennedy" c'est toujours une petite révolution chez moi : Aussi je fis le siège chez le bouquiniste afin d'obtenir mon exemplaire comme la pâtisserie du dimanche.
Surprise : il ne s'agit pas roman haletant comme je m'y attendais mais plutôt d'un carnet de route... le guide du routard remastérisé par Douglas. Le sujet : La fascinante Egypte. Pas l'Egypte des guides touristiques... mais l'autre face, celle qu'on tait.
Le texte est intéressant mais décousu. L'auteur a jeté pêle-mêle ses impressions, ses rencontres, le gai et le moins gai.
C'est rarement l'auteur qui parle mais d'autres qui égratignent la politique de Reagan et l'islam. (il faut hélas devenir prudent !).
Le livre se lit bien mais il me reste un arrière goût de "pas fini"... et je ne peux m'empêcher de penser que Kennedy n'est pas là dans sa meilleure littérature.
l'Egypte autrement 7 étoiles

J'ai été un peu déçue au bout de quelques pages en découvrant que "au delà des pyramides" n'était pas le bon roman auquel Douglas Kennedy nous a habitué. Mais très vite cette lecture m'a intéressée et je me suis évadée vers les rives du Nil avec un très grand plaisir. C'est bien là le grand intérêt d' un récit de voyage: nous dépayser, nous faire oublier notre quotidien.
Dès lors, tout m'a captivé dans ce récit et j'ai particulièrement apprécié d'être transportée dans une Egypte authentique, loin des circuits touristiques et des visites incontournables. Au fil des nombreuses rencontres, Douglas Kennedy évoque les contradictions de ce pays confronté à un archaïsme exaspérant. Ce livre écrit, il y a une vingtaine d'années nous sensibilise aux prémices de cette révolte égyptienne qui a fait l'actualité ces derniers temps.

Clara33 - - 76 ans - 2 octobre 2012


Je préfère ses romans 5 étoiles

Les romans de Douglas Kennedy sont excellents, ses "guides de voyages" moins.
Bien que sa lecture soit agréable, je ne sais pas, il manque quelques chose.
Voyage autrement, loin des pyramides et des paysages cartes postales, l'EGYPTE de la misère et de la montée de l'intégrisme.
C'est quand même bien moins bien que "Cul-de-sac" ou de "L'homme qui voulait vivre sa vie".

Free_s4 - Dans le Sud-Ouest - 49 ans - 27 juin 2012


L'Egypte autrement 7 étoiles

Année 1986 catastrophique à Dublin pour Douglas Kennedy. Sa pièce très mal accueillie par les critiques est boudée par le public, sa chronique dans un quotidien supprimée. Il se réfugie dans une fermette irlandaise bien décidé à écrire un bouquin et il ressort les 5 carnets qu’il avait remplis lors de son voyage en Egypte l’année précédente.

Parti, « à la manière de » par bateau, il voyage lentement, hors des circuits touristiques, se laissant balloter par des rencontres inattendues. C’était cela le but de son voyage : découvrir les égyptiens et donc, l’Egypte telle qu’elle est, ce qui lui valut d’être interdit de parution en Egypte. Comme Kennedy l’écrit : « le voyage est un confessionnal ambulant » et il en profite.

Il nous décrit L’Administration et ses tracasseries kafkaïennes où il faut une autorisation pour chaque déplacement ou presque avec des attentes de plusieurs heures, voire des journées entières.
Le voyage à Assouan en felouque vaut son pesant de cacahuètes : les marchandages infinis pour la location de la felouque….. Le manque de vent…. il rencontre l’épouse de l’un des marins qui n’a que 11 ans et qui regarde en famille Falcon Crest.

Le bipartisme religieux est mis à mal. Les Coptes ont de plus en plus de mal à exister du fait de la montée de l’islamisme pur et dur. Les carmélites ont autant peur du fondamentalisme religieux musulman que chrétien. Il se retrouve au fin fond de l’Egypte dans un monastère copte avec des moines férus d’informatique et très au courant de la vie politique internationale.

Tout ceci peut paraître fouillis, mais son voyage « désorganisé » est très organisé. Commencé à Alexandrie il se termine à Assouan

Il y a quelques longueurs, mais c’est un livre dense, que l’on lit en prenant son temps. Chaque rencontre se lit comme une nouvelle. J’y ai découvert la densité et les difficultés rencontrées par les coptes, redécouvert certains faits divers. J’ai aimé sa façon d’aborder les gens simplement, sa facilité à les faire parler de leurs problèmes.

Sa description de l’Egypte, bien que datée, n’en est pas moins toujours d’actualité. Son ouvrage a été interdit de publication en Egypte car il révèle l’extrême pauvreté de ce pays, son immobilisme. L’attirance des dirigeants égyptiens pour les « grands » l’URSS pour Nasser et les USA pour Anouar El Sadate. « Ces coups de soleil » comme Kennedy l’écrit, ont affecté durablement la vision de ces chefs d’Etat.

Malgré cette peinture peu réjouissante, j’ai ressenti beaucoup d’égards pour la population égyptienne. Cette « masse » qui fait si peur aux gouvernants de tous les bords. Kennedy nous montre parfaitement l’ambivalence de ce pays ; « Au sud l’Egypte mythique, au nord, l’effort de modernité ; au sud, l’Afrique, au nord, l’Europe. »

Zazy - - 75 ans - 6 mai 2012