Voilà un livre qui traînait dans ma bibliothèque depuis plusieurs années et que je ne me décidais pas à ouvrir. Si j’avais su, je l’aurais lu beaucoup plus tôt. Sous des airs de farce (Lucille, à bout de nerf de sa vie d’épouse et de mère, décide de tuer son mari afin de partir à la conquête d’Hollywood. Non contente de lui faire avaler de la mort aux rats, elle lui tranche la tête avec un couteau de cuisine électrique et la met dans un tupperware, qu’elle transportera partout avec elle), l’histoire est beaucoup plus profonde qu’il n’y paraît. Elle est scindée en deux récits qui s’alternent tout au long du livre. D’une part, on suit Lucille dans son périple à travers les Etats-Unis, à la recherche de la gloire. C’est la partie frivole du roman. D’autre part, on participe au destin de son neveu Peejoe, envoyé chez son oncle dans la ville d’Industry. Il y rencontrera les plus terrifiantes aventures sur fond de ségrégation. Mark Childress dépeint, avec brio et émotion, le triste sort des Noirs dans le Sud américain des années 50. Chassés de tous lieux fréquentés par des blancs, ils luttent pour la liberté, souvent au péril de grandes violences et même de leur vie. L’auteur raconte tout cela avec fantaisie mais aussi de manière réaliste, sans enjoliver la réalité. J’ai énormément apprécié ce roman, bien écrit, et qui fait la juste mesure entre l’humour et le sérieux. Pistache, dans sa critique, souligne qu’on compare souvent Mark Childress à John Irving. C’est vrai qu’il y a un petit coté irvinesque dans ce récit, qui tient peut-être, selon moi, au caractère loufoque des personnages. Bien que certaines péripéties vécues par les personnages peuvent un peu rappeler celles décrites dans les romans de John Irving. Un très bon roman que je conseille vivement, notamment aux fans de John Irving.
Féline - Binche - 46 ans - 3 février 2006 |