Comme dans le roman de Wilde, Dorian Gray est un beau jeune homme qui souhaite ne jamais vieillir. Basil Halward immortalisera Dorian dans un magnifique tableau qui, lui, ne vieillira pas au grand dam de son modèle. Devant ce portrait, Dorian dit qu'il préférerait que le tableau vieillisse à sa place. Ses paroles ne sont pas tombées dans l'oreille d'un sourd. Le pacte est scellé. Le tableau absorbe les effets du temps et reflète les actes répréhensibles du personnage fortement influencé par la liberté comportementale défendue par Lord Henry.
Corominas a adopté un dessin d'une grande qualité, les tableaux londoniens sont beaux, les couleurs restent fidèles à l'esprit du roman. L'ambiguïté des personnages n'a pas été conservée comme l'artiste le signale à l'extrême fin de sa bande dessinée, c'est un choix réfléchi, mais infidèle.
Le mal qui s'empare de Dorian est bien retranscrit, les visages des personnages sont très expressifs et les principales scènes du roman sont retranscrites. Quelques libertés ont été prises, mais c'est aussi un atout : Corominas n'est pas un simple illustrateur, il revisite le mythe de Dorian Gray à sa manière en l'adaptant à sa démarche. Il opte pour un découpage en 5 actes comme dans une tragédie, Sybil Vane est bien plus sensuelle que dans le roman, mais l'oeuvre reste envoûtante par la beauté de ces vignettes qui sont de véritables aquarelles.
Le dossier qui figure à la fin de la bande dessinée complète l'oeuvre de Corominas. Figurent de très beaux dessins ainsi que les explications de l'artiste quant à ses choix.
Pucksimberg - Toulon - 45 ans - 26 décembre 2011 |