Scintillation
de John Burnside

critiqué par Isad, le 29 octobre 2011
( - - ans)


La note:  étoiles
Roman assez ésotérique !
Il faut s’accrocher et passer les quelques premières pages d’introduction assez absconses qui trouveront une explication à la fin.

Le livre est constitué de chapitres qui présentent les points de vue sans ressort des différents acteurs, habitants perdus dans un endroit où personne ne vient jamais. L’atmosphère hésite entre l’époque contemporaine (bande de jeunes, sexe, littérature et cinéma) et une pesanteur énigmatique aux relents maladifs.

Dans ce petit village au bout d’une presqu’ile, Intraville, où trône une usine polluante désaffectée, de jeunes garçons disparaissent. Le policier Morisson sait qu’il n’est pas compétent pour traiter cette affaire. Il ferme les yeux sur l’ordre de la personne chargée du projet de réhabilitation du site qui ne souhaite pas attirer l’attention sur son inefficacité à gérer l’argent public.

Léonard, jeune adolescent qui fréquente assidument la bibliothèque, se laisse aussi entraîner par une bande et se lie d’amitié avec un entomologiste qui, il s’en rendra compte à la fin, est au cœur du mystère et l’y plonge.

« N’aie pas l’air d’une victime, et tu auras moins de chances d’en devenir une » (p. 261).

IF-1011-3798
ne pas partir pour n'aller nulle part 5 étoiles

Le côté positif, c'est qu'il y a une ambiance. Ça sent le Stalker (film du génial Tarkovski, qui est très clairement sous entendu dans le livre), c'est l'intraville, ses mystères, ses disparitions, son isolement. Son usine qui tue qui pue. Ses habitants isolés, ses égarements. La folie qui plane au dessus de tout ça comme un vautour affamé au dessus d'un barbecue. Ça, c'est bien foutu, crédible, avec ce qu'il faut de dit et de non-dits pour qu'on lise.

La succession de narrateurs aussi, ça fonctionne. Mais c'est là que le souci fait problème, comme disent les jeunes. Le 1er narrateur nous implique dans l'histoire, mais d'autres nous rasent. L'écriture n'est pas toujours très élégante, ça patine dans le brouillard et puis ça dérape dans le vaguement n'importe quoi, avec l'histoire du gang.

Je suis content de l'avoir fini, comme j'étais content de le commencer. Pas sûr qu'il y soit question de mysticisme. Chaos des sentiments, des trajectoires, des histoires, soit; mais il n'y a pas besoin de trembler pour monter le flou. C'est même contre-productif, ça risque de clarifier l'image.

Ronanvousaime - - 49 ans - 7 janvier 2013


Une fable oppressante mais réaliste ! 7 étoiles

Dans l'Intraville, seule la mort se pare de lambeaux scintillants notamment les nuits d'orage. Sur cette presqu'île écossaise empoisonnée tout est sombre et en décomposition à cause d'une usine chimique abandonnée. Ici ne vivent que ceux qui n'ont pas les moyens de partir du côté de l'Extraville, le paradis des nantis. Ceux qui restent dans l'Intraville tentent de survivre en luttant contre la maladie, la folie, le désespoir. Depuis quelque temps de jeunes garçons disparaissent, Morrison le policier semble pourtant plus s'intéresser à entretenir un étrange sanctuaire qu'à enquêter sur les disparitions d'adolescents ! Brian en grand chef bien-pensant promet de tout décontaminer avec son projet Terre d'Origine mais jusqu'ici personne à part lui n'en a bénéficié. Andrew qui aime à regarder les ados évoluer derrière sa fenêtre fait un coupable parfait pour la bande de jeunes rebelles de Jimmy. Léonard, le meilleur ami de Liam un des jeunes disparus est un passionné de livres et de sexe lui aussi voudrait comprendre les raisons des disparitions de ses amis. Léonard veut croire en un autre monde, optimiste de nature sa rencontre avec l'homme-papillon lui donne des raisons d'espérer passer de l'autre côté du miroir… Lugubre à souhait, ce roman est réellement oppressant. D'abord parce que tout intrigue, l'ambiance, le contexte, les personnages. Le début du roman révèle un péché d'omission qui par la suite amène à des réflexions sur l'enfer et le paradis. Puis le roman dérive en fable écologique pointant du doigt l'industrie pollueuse pour terminer sur la jeunesse désenchantée en quête d'un monde meilleur. Un conte noir lyrique qui dénonce la société sans valeurs morales, la quête de vérité est parfois complexe mais en même temps elle soulève des questions qui amène à un examen de conscience, donc mieux vaut être bien disposé !

Oops - Bordeaux - 58 ans - 26 mars 2012


mystique 6 étoiles

Ce roman n'est pas vraiment un roman ésotérique. Ce n'est pas non plus un roman d'enquêtes.

Faute de mieux, disons que c'est un roman "d'ambiance" où culpabilité, dérive, désespoir se croiseraient dans le décor d'une friche industrielle qui distille son poison à tous les habitants à l'entour, et où le poison serait moins physique que mental.

Ce n'est pas désagréable à lire. L'écrivain arrive à faire percevoir le désespoir des lieux et le désœuvrement des adolescents de manière assez convaincante.
C'est ce qui rend le roman intéressant, car du point de vue de l'intrigue, rien en s'explique vraiment de manière rationnelle : que les esprits trop cartésiens en évitent la lecture.
Cela ressemblerait à la description de la dérive d'un communauté qui trouverait sa catharsis dans l'expérience de transcendance mystique de quelques adolescents, sans que rien, jamais, ne soit vraiment expliqué.

B1p - - 51 ans - 2 novembre 2011