J’ai lu « Sarrasine » dans une édition destinée aux lycéens, qui comprend aussi la nouvelle « Le Chef d’œuvre inconnu », tous deux de Balzac, et qui comprend un dossier d’études sur les deux nouvelles, avec une analyse qui aide à la compréhension du texte et au contexte dans lequel il a été écrit, en soi très intéressant et utile.
En 1830, à Paris, à une fête donnée chez la richissime famille Lanty, dont l’origine de la fortune est mystérieuse et jugée douteuse par beaucoup, un jeune homme, on ne saura pas son nom, et une jeune femme, Mme de Rochefide, s’interrogent sur le vieil homme étrange, qui fait partie des Lanty, et qui hante le salon comme un spectre, surveillé avec hantise du coin de l’œil par sa famille. Le jeune homme dit connaître son histoire et se propose à Mme de Rochefide, sur qui il a des vues amoureuses, de lui lever le lendemain, seuls, en tête-à-tête, le mystère de la vie du vieil homme étrange. Rendez-vous est pris le lendemain soir, et là, le jeune homme commence à raconter l’histoire de Sarrasine…
« Sarrasine » est une nouvelle d’une cinquantaine de pages de Balzac, écrite ne 1831. J’ai beaucoup apprécié. La nouvelle est excellente, racontée et menée de bout en bout de main de maître, avec nombre de scènes marquantes. C’est une histoire d’amour tragique au dénouement surprenant, quoique je me sois douté de la vérité à un certain indice laissé par Zambinella, qu’il aime passionnément. Le mystère sur le vieil homme est savamment entretenu jusqu’au bout. Une nouvelle très plaisante à lire à tout points de vue, et si je ne lui mets que la note 4,5 au lieu de celle maximale de 5, c’est que tout de même, le jeune homme, qui est le narrateur de l’histoire de Sarrasine, me paraît trop omniscient dans son récit. Il sait quels sont les sentiments, les pensées, les émotions, tous les détails de la vie de Sarrasine, ce qui est trop invraisemblable (mais c’est un roman), et on ne sait pas qui il est ni comment il connaît à ce point la vie de Sarrasine. A ces faibles réserves près, cette nouvelle m’a paru d’une grande perfection.
Cédelor - Paris - 53 ans - 3 octobre 2020 |