L’histoire est simple et peut se résumer à la question suivante : l’amour est-il plus fort que les préjugés ? il y a la réponse donnée par Balzac avec son court roman (ou longue nouvelle) « Le bal de Sceaux ». Mais elle aurait pu être inverse. En fait, les deux réponses possibles peuvent se retrouver dans bien d’autres exemples qu’on peut tirer de la vie réelle. Mais qu’importent les réponses ? Ce qui compte, c’est la question ! Et avec cette histoire à la fois simple et pourtant plus profonde qu’il n’y paraît, l’auteur développe cette question d’une façon tout à fait intéressante à travers l’histoire d’Émilie de Fontaine.
Jeune, belle, riche, née d’une bonne famille, Émilie écarte un à un tous les prétendants au mariage que lui donne l’occasion de rencontrer son père qui organise exprès pour elle bals, dîners, salons… mais Émilie ne les estime jamais assez bien, assez nobles, assez dignes pour elle. Puis un jour, elle rencontre l’amour en la personne d’un charmant jeune homme, rencontré à un bal à Sceaux. Mais qui est-il ? est-il assez distingué, est-il d’une haute naissance ? De la réponse à cette question dépendra le bonheur futur d’Émilie… ou pas.
Les préoccupations exprimées par Émilie et les autres personnages de l’histoire sont véritablement d’un autre temps, où le rapport à l’amour, au mariage, à la famille n’était pas le même qu’aujourd’hui. Mais ce n’est pas pour cela qu’on n’apprécierait pas « Le bal de Sceaux », car outre sa qualité d’écriture, la question posée reste toujours d’actualité de nos jours : aimer ou s’autoriser à aimer malgré le jugement de la société, de sa famille, ou de son propre jugement. Question difficile s’il en est. À chacun de trouver sa réponse, s’il ou elle est confronté(e) à cette question. Émilie de Fontaine a fini par donner sa réponse, douloureuse.
Une très bonne histoire, humaine par sa commune universalité, bien dans le style et les thèmes de Balzac, qu’on lit avec un grand intérêt.
Cédelor - Paris - 53 ans - 22 octobre 2020 |