En ouvrant « Séraphîta », je ne savais pas du tout à quoi m’attendre, à part qu’il s’agissait d’un écrit du genre « occultisme » que Balzac avait souvent affectionné au début de sa carrière littéraire. Mais ça !!! Cela m’a fait l’impression d’un écrit vraiment à part dans l’œuvre balzacienne. Un récit presque purement mystique et religieux.
De quoi ça parle ? A Jarvis, petit village de Norvège, peut-être fictif, dans un château de style suédois, habite Séraphîta/Séraphitüs, être singulier qui par moments se nimbe d’une lumière légère, apparaît jeune fille aux yeux des hommes et jeune homme aux yeux des femmes et capable d’exploits hors du commun. Qui est-il/elle, d’où vient-il/elle et que veut-il/elle ? C’est ce que Wilfrid, amoureux de Séraphîta et Minna, amoureuse de Séraphitüs, découvriront au fil de leurs entrevues avec lui/elle, jusqu’à son apothéose.
Balzac s’est largement inspiré, selon toute vraisemblance, des écrits de Swedenborg, savant et mystique suédois du 18ème siècle, pour écrire les longs exposés qu’il mit dans la bouche de Séraphîta, et décrire les mondes spirituels et divins ainsi que leurs fonctionnements et leurs relations avec la Terre et l’ensemble de tout ce qui est et démontrer par arguments et contre-arguments successifs l’existence de Dieu et la finalité de celui-ci.
Alors autant dire que même si on n’est pas obligés de croire tout l’exposé mystico-religieux swedenborgien qui s’étale sur des pages et des pages, il reste qu’on est impressionné par le tour de force littéraire que Balzac s’est imposé en écrivant tout cela, et avec style, s’il-vous-plaît. Je ne sais si Balzac croyait lui-même tout ce qu’il a énoncé dans ce récit mais on ne peut qu’être admiratif devant la force du texte et la profusion des informations qui en ressortent.
Au final, un récit parfois difficile à suivre, déroutant par son contenu, qui peut être perçu comme rébarbatif, mais qui est instructif malgré tout. Le genre d’écrit qui peut ne pas intéresser tout le monde par son sujet, mais qu’il n’est pas inutile de lire, ne serait-ce que pour apprendre ce qu’a été cet homme singulier, Swedenborg, qui a vraiment existé.
Cédelor - Paris - 53 ans - 19 novembre 2024 |