Mister Mouse ou La métaphysique du terrier
de Philippe Delerm

critiqué par Darius, le 19 juillet 2002
(Bruxelles - - ans)


La note:  étoiles
L'âtre et le néant
Difficile de rédiger un avis sans éviter le piège de la banalité…
Je vous conseille vivement de cliquer sur « verso du livre » pour prendre connaissance de la quatrième de couverture dont je n'ai pu m'empêcher de m'approprier ce jeu de mot pour en faire le titre de ma critique.
Vingt huit petites aventures de Jeremy Mouse, souris de son état, qui, non contente de se satisfaire de sa vie de souris au fond du terrier qu’il partage avec Emily, sa femme, ses deux enfants, Mortimer et Jennifer, a des velléités d'écrivain, accorde trop d’importance au jugement des autres, se pose des questions métaphysiques.
Bref, ce Jeremy Mouse, souris de son état, ne serait-il pas l'un quelconque d'entre nous, humain de son état ?
Chaque petite histoire est précédée de quelques mots de préambules, lesquels valent leur pesant de bien-fondé, d’authenticité et… d'hilarité.
Exemples à l'appui : « Où l’on voit que la détérioration du patrimoine mobilier n’est qu'une perversion de l'alchimie du plaisir ». Voilà qui nous donne enfin la clé pour une meilleure compréhension de l’état des sièges de nos transports en commun…
« Où il est prouvé que les habitants des terriers ne nourrissent aucune jalousie à l'égard des amateurs de belvédères ». Qui donc aurait le mauvais goût de jalouser nos souverains ?
« Où il est prouvé que l’intérêt du cirque est soumis aux fluctuations de l'amour paternel » Deviendrions-nous un adepte du cirque si nous n'avions des gosses ?
« Où la paresse est expressément reconnue comme la marque première du talent de l'écrivain » Je laisserai aux écrivains le soin de détailler cette sentence..
« Où notre héros se trouve confronté à l'angoisse métaphysique en découvrant qu’il pourrait ne pas être « d’aujourd’hui »… C'est tout moi, çà...
« Où l'on voit que notre héros s'éparpille parfois dans une démagogie assez vaine » Que le premier qui n'a jamais fauté lève le doigt !
« Où notre héros reconnaît la nature perverse de la sieste, et n’hésite pourtant pas à s’y abandonner ». Rrrrr... Rrrrr... Rrrrr...
Voilà, il y en a 28 de cet acabit, ces préludes étant suivi d’une ou deux pages d'anecdotes propres à Mister Mouse.
Après « la sieste assassinée », c'est mon second Delerm, mais à mon avis, pas le meilleur.
On y retrouve son humour, son originalité, son talent déjà apprécié, mais. peut mieux faire, voilà ce qui justifie mon 3,5 étoiles. Ah ! C'est trop injuste...
souris humaine 8 étoiles

De petits textes sur notre nature profonde de souris, qui se lisent facilement et qui divertissent. Un agréable moment de détente sans se prendre la tête. Une gorgée de bière revue et corrigée. Mes passages favoris: où il est prouvé que les habitants des terriers ne nourrissent aucune jalousie à l'égard des amateurs de belvédères et où l'on n'hésite pas à médire du soleil et à exalter l'attrait de la banquise. Bonne lecture.

Printemps - - 66 ans - 1 janvier 2011