Technique et création au cinéma
de Michel Chion

critiqué par Donatien, le 29 septembre 2011
(vilvorde - 81 ans)


La note:  étoiles
Comment font les magiciens du cinéma?
Michel Chion est enseignant, compositeur et réalisateur mais aussi auteur d’une vingtaine de livres sur le cinéma, le son et la musique. Il vit à Paris.

Son livre est divisé en trois parties :

1) Techniques et créations d’images,
2) Techniques et créations de sons,
3) Nouvelles techniques, nouvelles perspectives,

suivies d’une très intéressante «chronologie» résumant 105 ans d’innovations techniques au cinéma, soit de 1894 à 2002.

Soit depuis les premiers films d’Edison jusqu’au Festival de Cannes 2002 où certains films sont tournés et parfois projetés en vidéo numérique.

C’est vraiment le livre idéal pour l’amateur de cinéma qui désire en savoir plus sur les métiers , les techniques, les coulisses du 7ème art. Les explications sont régulièrement illustrées d’exemples de séquences de films cités en fin d’ouvrage. (du muet jusqu’à «Rosetta» des frères Dartdenne).

1) IMAGES

L’auteur commence par détailler les mouvements d’appareils, donc les travellings, les plans, les plans-séquences, l’interdépendance du cadre et du mouvement de caméra, le zoom, etc..

2) SONS

C’est tout de même le domaine de prédilection de Michel Chion (Prix du meilleur livre de cinéma en 1995 pour «La musique au cinéma»). Il nous initie aux problèmes du son direct au tournage , à la postsynchronisation des dialogues. J’ai été surpris d’apprendre que cette technique, qui n’est pas le doublage, était un procédé généralisé dans le cinéma. Il date des débuts du parlant!

Il permet au metteur en scène de parler pendant la prise, de diffuser de la musique d’ambiance qui peut aider les acteurs et les techniciens et d’éviter les problèmes de langues différentes parmi les acteurs.
Le bruitage , qui peut être facultatif, mais devient très important pour le cinéma moderne.
Le montage-son? Comme le montage images, chaque film exige un montage des sons, paroles, musiques, etc..
Le mixage qui consiste à orchestrer les uns par rapport aux autres, tous les sons du film.

Exemple célèbre : «La légende qu’il ait fallu à Michael cimino une semaine pour mixer une des transitions sonores les plus importantes de son film -Voyage au bout de l’enfer- (1979), celle qui précipite le héros de la paix à la guerre . Quelques secondes de silence et d’émotion passent entre eux, le son du piano s’éteint, et alors qu’on est toujours dans le bar et que l’instrument émet une dernière résonance, le son d’hélicoptère se fait entendre, puis grossit subitement et le spectateur est catapulté dans la brutalité de la guerre!!»;

Tout ou presque tout sur le travail des magiciens du 7ème art!

Facile à lire, clairement présenté, riche d’exemples, c’est vraiment un indispensable de la bib du cinéphile.
Il conclut par un texte sur «l’Art et la Règle» à propos des nouvelles possibilités d’analyse des films via le Dvd et Internet, pour ne pas oublier que la perfection technique n’est pas garante d’efficacité mais seulement un moyen de la création!

Un film peut aussi se «lire».

Pour tous les cinéphages.
A+