Saigne sur mer
de Serge Quadruppani

critiqué par Tistou, le 13 septembre 2011
( - 67 ans)


La note:  étoiles
N°2 de la série « Le Poulpe »
« Saigne sur mer» est donc le n° 2 de la série du Poulpe, dont on connait le principe : un auteur par n°, un héros récurrent : « Le Poulpe » alias Gabriel Lecouvreur, des personnages quasi obligés, dont le restaurant « Le pied de porc à la Sainte Scholasse » tenu par Gérard et Maria où « Le Poulpe » prend connaissance du faits- divers dans le journal qui va lancer sa quête, Chéryl, coiffeuse et compagne du « Poulpe » …
Saigne sur mer, pour La Seyne sur mer. La Seyne sur mer, le Var, et toutes les affaires qu’on y associe couramment : mafieuses, politico-économiques, de corruption, … Un vrai bonheur quoi !
Gabriel Lecouvreur prend classiquement connaissance d’un meurtre d’élu, dans le Var (on voit bien de quel fait divers s’est inspiré Quadruppani !) dont tout laisse supposer qu’il est lié à de sordides affaires politico-économico-mafieuses. Ou tout au moins, si vous, vous ne le supposez pas, Gabriel Lecouvreur, lui, il a un don pour ça ! Il faut dire que son job à plein temps c’est héros récurent de la série du Poulpe, alors … !
Il y descend, évidemment, et très rapidement rentre dans la ronde : mauvais coups, meurtres, intimidations, chantages, … Je l’ai dit : un vrai bonheur ! Le pire c’est qu’on peut croire que ça peut effectivement se passer ainsi !

« - Ben, fit Gérard en lui apportant son demi, pour une fois, on va sans doute connaître vraiment le dessous des cartes …
Gabriel baissa son journal à moitié :
- De quoi tu parles ?
- De cette affaire de la Seyne, dit Gérard en montrant la première page du Parisien, où l’on voyait un notable menotté sur le perron de la villa Tamaris-Pacha. Ce carnet qu’on a découvert, il fait des ravages.
…/…
- Oui, fit le Poulpe, tristement, il a fait des ravages. »
Vous avez bien lu : « tristement ». Le Poulpe est triste à l’issue de l’épisode. Oui, il ne gagne pas à tous les coups. Ou plutôt il peut gagner … et perdre à la fois. Mettez des crabes dans un panier ; ils vont se bouffer entre eux, les bouffés auront perdu. Mais ceux – ou celui – qui les auront bouffé auront gagné. Et le Var que nous décrit Quadruppani c’est tout à fait ce qu’on pourrait qualifier de panier de crabes !
Pour un épisode n°2, qui date de 1995 – se doutait-il Serge Quadruppani et ses collègues initiateurs que cette série aurait ce succès et cette longévité ? – nous sommes en pleine orthodoxie « Poulpienne ». Ce sont en effet ces premiers épisodes qui posent les fondations d’une maison qui s’avèrera solide. C’est très plaisant à lire, vif et plein de rebondissements. Serge Quadruppani, c’était pour moi davantage le traducteur de Andrea Camilleri. On constate qu’on a là, de sa propre plume des considérations tout aussi plaisantes que celles d’Andrea Camilleri !