Les Paradis du Fou
de Muriel Roland-Darcourt

critiqué par Elliott O, le 25 août 2011
( - 46 ans)


La note:  étoiles
l'odyssée métaphysique
Les tribulations intergalactiques de Lazare Verne, condamné par la maladie et aigri par sa fin proche, qui tente de prendre un peu de hauteur en allant mourir dans l’espace.
La première partie, pleine de violence débridée et d’humour noir, est jouissive. L’anti-héro désabusé s’en prend à tous ceux qui, selon lui, sont indignes du privilège de vivre et d’avoir vécu. Et tout le monde en prend pour son grade : les mômes qui chialent pour rien alors qu’il y a tant de bonnes raisons de pleurer, les pétasses qui n’existent pas au-delà de leur apparence, les médecins qui ne font que mettre des noms latins sur ce qu’ils ne peuvent soigner, les astronautes lâches qui ont la tête dans les étoiles mais qui gardent les pieds sur Terre et l’imaginaire dans les chaussettes.

C’est la suite de l’histoire qui rend le roman beaucoup plus intéressant. L’auteur ne cherche pas à nous expliquer l’inexplicable, mais part du principe que si vie après la mort il y a, elle est régie par des règles qui sont au-delà de toute compréhension humaine. Et ce qui rend l’ensemble fascinant, c’est cette glissade, au fur et à mesure de l’avancée du récit, d’une question existentielle (« Y a t-il une vie après la mort ? ») à une autre : « Devrait-il y avoir une vie après la mort ? ». Car si nous conservons notre conscience par delà notre tombeau, alors nous conservons inévitablement nos souffrances. Les paradis du fou deviennent l’enfer du saint d’esprit.
On peut écrire un roman foisonnant en moins de 100 pages, et Muriel Roland-Darcourt nous entraîne, dans un style irréprochable, vers une fin qui n’en est pas une, le genre de fin pleine de mystère et de poésie qui prolonge notre plaisir de lecteur bien après que l’on ait refermé le livre. On ne peut que conseiller cette étonnante odyssée métaphysique.

Isbn: 978-989-697-245-5

Un livre que j'ai lu récemment, je ne suis pas l'auteur.