La faute de goût
de Caroline Lunoir

critiqué par Lu7, le 22 août 2011
(Amiens - 39 ans)


La note:  étoiles
Famille, je vous...
Le -court- récit se déroule sur un long week-end du 15 août, lors d'une réunion de famille.

La narratrice, une jeune femme, mais surtout une jeune adulte, se rend dans la demeure bourgeoise, que l'on devine quelque part dans le sud de la France, dont sa grand-mère et ses grand-tantes sont co-propriétaires. Moitié château en ruine, moitié manoir, la propriété est entretenue à l'année par Rosana et Antonio, les gens de maison, qui habitent à l'année dans le pavillon située à l'entrée, près du vieux portail.

Ces 3 jours sont une plongée dans la nostalgie de l'enfance, mais aussi dans les sentiments douloureux, teintés de honte et de pitié, qu'éprouve la jeune femme à l'encontre de ses ancêtres, vieux bourgeois hautains accrochés à leurs petites légendes familales, trop heureux d'appartenir à une classe dont ils ne voient pas qu'elle tombe en lambeaux.

Ce roman traduit bien la complexité de cette question à laquelle est confrontée un jour ou l'autre la jeunesse : a-t-on le droit de cesser d'aimer ceux et celles qui vous ont aidé, plus ou moins directement, à vous construire ? Comment choisir entre la tendresse et le simple mépris ?

Un récit très juste, mais tout de même un peu court pour un roman -l'équivalent littéraire du moyen-métrage.
une petite perle 10 étoiles

J'ai adoré. Ce livre est comme un bonbon qu'il faut faire fondre doucement sur la langue, ne pas le lire en vitesse dans le train, prendre son temps et laisser agir.

Bien sûr, il faut savoir lire entre les lignes...

Ce petit manuscrit est une perle linguistique, le niveau de langue adapté à chaque personnage et une subtilité dans les caractères. Une critique extrême d'une certaine classe sociale.

On sent pratiquement le soleil sur la peau et l'odeur de la piscine. C'est un livre qui transpose et emporte.

Pour une écrivaine si jeune et une première publication, la densité et la maitrise méritent 5 points !

Yotoga - - - ans - 15 mai 2012


Pauvre petite fille riche ! 6 étoiles

Mathilde est une jeune avocate parisienne, tous les ans au mois d'août, elle s'en va rejoindre sa famille dans la maison bourgeoise gérée par sa grand-mère au cœur de la campagne. Chaque année pour le week-end du 15 août, la famille au complet se réunit ce qui représente quatre générations. Cette année, le château s'est doté d'une piscine. Chacun fait ses petites concessions pour que règne un minimum d'harmonie. La faute de goût c'est entre autres que le grand-père permet à Rosana la gardienne, de venir profiter de la piscine quand la famille n'y est pas. Voilà qui n'est pas du tout du goût de la majorité de la famille qui se pose en maître et veut faire respecter les conventions dues à sa situation sociale. En fait les fautes de goût sont multiples dans cette famille mais on s'en accommode ! Mathilde elle-même les constate mais comme les autres n'osera en faire part se contentant seulement de propos futiles. Une satire familiale subtile qui cerne bien le souci de savoir s'imposer dans une famille traditionaliste qui compte des générations complètement opposées. Malgré une écriture agréable je me suis vite lassée de cette famille qui se prélasse dans son conformisme de bonne famille, heureusement le livre est court !

Oops - Bordeaux - 59 ans - 6 avril 2012


lutte de classe 7 étoiles

Voilà un court texte mais ma foi bien écrit, que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire. C'est une photographie de moments fugaces d'un rassemblement de famille, avec la cohorte des grand-parents, grands-oncle, grandes-tante..., qui pourraient ressembler par certains côté à "La première gorgée de bière" mais il y a plus.

Il y a une tension palpable, des non-dits, dans ces courts chapitres, et on imagine à travers les discrets "croquis" que la narratrice fait des siens la violence des relations entre les membres de sa famille, mais mis sous silence par la bienséance familiale.

Cela n'enlève rien à une certaine forme de tendresse envers les personnages. D'ailleurs, la narratrice émet peu de jugement sur les proches ou sur les gardiens de la propriété. Elle est un observateur lucide de son univers, et en particulier de cette classe sociale bourgeoise à laquelle elle appartient, contre laquelle on sent bien qu'elle souhaiterait se rebeller. Mais elle ne va pas jusqu'au bout.

D'ailleurs j'ai vraiment cru que le roman allait prendre un tournant au moment où la gardienne, Rosanna, utilise la piscine nouvellement construite dans la propriété, ce qui déclenche un débat dans le clan, mais l'auteur n'exploite pas cet incident. Du coup la tension palpable de l'atmosphère reste suggérée et n'explose pas. L'ordre de la société est quasi-immuable mais la révolution n'est pas pour maintenant. C'est peut-être dommage, cela aurait sans doute mérité une "explosion" qui aurait donné une autre dimension au livre.

Quoi qu'il en soit l'auteur assume son choix, et elle s'en sort pas mal, même si certains pourront du coup lui reprocher la quasi-absence de trame narrative. Mais l'élégance de l'écriture sauve tout ça.

Fanou03 - * - 50 ans - 3 mars 2012