Bourbon Street, Tome 1 : Le fantôme de Cornélius
de Philippe Charlot (Scénario), Alexis Chabert (Dessin)

critiqué par Numanuma, le 14 août 2011
(Tours - 51 ans)


La note:  étoiles
Hit that jive jacks
En général, une histoire racontée par un fantôme, ça ne me branche pas des masses mais là, le fantôme en question est Louis Armstrong. Ca a une certaine gueule ! De plus, l’action se passe à la Nouvelle-Orléans, ville déjà mise à l’honneur du dernier Blacksad, chroniqué ici même. Moi, c’est assez facile, si ça groove, je suis partant !
L’idée de départ est plutôt bonne : une ancienne gloire du swing, Alvin, chanteur et guitariste, dont le visage n’est pas sans évoquer Django, se rend compte que lui aussi pourrait surfer sur la vague de nostalgie qui a amené au succès le Buena Vista Social Club. Pour cela, il lui faut d’abord convaincre ses deux acolytes, Oscar et Darroll, batteur et contrebassiste, rangés des voitures depuis aussi longtemps qu’Alvin mais qui ne semblent pas posséder cet arrière-goût d’inachevé qui anime Alvin.
Il faudra surtout retrouver Cornélius, ami d’enfance d’Alvin, trompettiste génial, disparu de la circulation depuis des années, depuis 1948 précisément. L’action se déroule en 1997.
Graphiquement parlant, la bonne idée a été pour le dessinateur, Alexis Chabert, d’éviter les teintes sépia qui sont automatiquement utilisées pour caractériser la Nouvelle-Orléans, exception faite de la couverture. Au contraire, les teintes utilisées sont chaudes et vivantes malgré le look volontairement désuet mais classieux d’Alvin. Par contre, j’ai du mal à comprendre pourquoi, alors qu’ils parlent, les personnages ont aussi souvent la bouche fermée…
Je l’ai dit, c’est Armstrong qui est le narrateur de cette histoire, bien ficelée, de swing, d’amour et de serment d’amitié. Le problème, à mon goût, est que l’intervention d’un fantôme, qui est le pendant des fantômes du passé que vont devoir affronter Alvin et Cornélius, me rappelle les pires films des années 80, des horreurs du genre Ghost. Le revenant vieux sage, j’ai du mal mais ici, on sent un véritable amour du jazz derrière les lignes, il ne s’agit pas uniquement d’un truc de scénariste.
De plus, les personnages mineurs sont nombreux et repérables même s’ils n’existent que le temps d’une case ou deux. Les papys se font gentiment chambrer par les jeunes musiciens de la Nouvelle-Orléans mais ils ont les mêmes posters aux murs. Les cases regorgent de détails intéressants ; dans le genre, ne passez pas à côtés des petites surprises dans les arrière-plans du bureau du producteur, cliché jusqu’au bout des bagouzes mais tellement drôle en seulement deux pages !
Bon, la fin me laisse un peu sur ma faim justement, toute comme cette phrase qui ose récupérer une aussi vieille tournure… Il s’agit là du volume 1 et je commence déjà attendre le suivant. Malgré tout, j’ai trouvé la fin de l’épisode un peu trop happy end pour être vraie. Je suppose que l’on va entrer dans le vif du sujet dès l’épisode suivant mais la fin coûte les cinq étoiles à cette excellente BD malgré tout.