Mais ce qui persiste en moi est ce fragment d'inhumanité...
de Joël Schuermans

critiqué par Nothingman, le 29 juillet 2011
(Marche-en- Famenne - 44 ans)


La note:  étoiles
Retour au Rwanda
Joël Schuermans est un ancien para. Depuis 1999, il a quitté l'armée et exercé divers métiers : voyageur, berger, couturier, bûcheron… et désormais : écrivain. Son second roman s'élève directement comme un grand roman sur la condition humaine, sur cette humanité qui peut vaciller à tout moment selon le fil de nos vies.
Simon vit en couple avec Charlotte, mais au début du roman, rien ne semble plus aller pour lui. Il s'enfuit une soirée de Saint-Sylvestre et se réfugie chez son seul ami. Là, il lui dit tout de go son ambition de retourner au Rwanda., marcher sur les traces de ce passé , de ce pays qu'il n'a jamais vraiment quitté. Depuis 1994 et l'évacuation forcée sous fond de génocide, les souvenirs l'obsèdent. Simon était casque bleu belge sous l'égide de l'ONU. Les quelques semaines passées là-bas, dans les environs de Kigali seront à la fois les plus beaux et les plus sombres de son existence. Il y fera la connaissance des deux amours de sa vie, la sauvage italienne Chiara, administratrice d'une ONG, mais aussi la jolie Tutsi Fortunée. Il vivra également le début du génocide rwandais, l'horreur absolue qui fera 800000 morts tutsis et hutus modérés. Il ne pourra rien faire tant pour les autochtones, que pour les dix paras belges assassinés et devra quitter le pays sans même avoir revu les deux femmes de sa vie, ni savoir ce qu'elles sont devenues.
Certes après une dépression légitime, la vie reprend peu à peu son cours, mais rien n'est plus pareils, les souvenirs de cette période le hantent. D'où la nécessité de ce voyage sur les traces de son passé..
Les petites maisons d'édition recèlent bien souvent des pépites. Ce roman en est vraiment une. Il s'agit d'un récit troublant, dérangeant, où alternent la beauté des paysages, des femmes, avec l'horreur la plus totale du Génocide mais aussi de certains sentiments. A lire absolument.