Si je pouvais être / l’hirondelle / qui tout entière se donne à ses pensées
Si Natsume SÔSEKI le romancier (La porte, Je suis un chat, Choses dont je me souviens…) est connu dans nos pays de longue date, ce petit livre nous permet de découvrir une part plus secrète et inconnue de l’écrivain : l’auteur de Haïkus.
Rappelons d’abord la contrainte métrique : un Haïku obéit à des normes strictes, le rythme 5-7-5 (17 syllabes) et abhorre l’expression directe du sentiment, le propos n’est pas de manifester ouvertement la douleur, la tristesse ou la joie…
C’est à ce niveau que se manifeste tout le génie littéraire de SÔSEKI qui arrive à nous transmettre la violence des ses émotions et de ses sentiments en seulement… dix-sept syllabes…
Ainsi sur la mort d’une amie il écrit ce Haïku qui pourrait aussi servir d’épitaphe et qui est un des plus beau que j’ai lu : Remplissez son cercueil / De tous les chrysanthèmes du monde / Autant que la terre en peut fleurir
Disons le tout de suite l’écriture de Natsume SÔSEKI est claire et précise. La qualité de sa plume est indéniable, et ses Haïkus d’une simplicité déconcertante. Le plus beau c’est qu’ils sont le plus souvent inspirés de la (sa) vie de tous les jours…
Ainsi p. ex. a un ami qui l’interrogeait sur l’amour qui lie un homme à une femme SÔSEKI répond par ce Haïku : Eau de printemps / La roche étreint / Jamais ne s’empare
Et a ce même ami sur l’homme abandonné par la femme aimée : Les fleurs sont tombées / Des pétales déchirés le courant a emporté / Jusqu’à l’ombre
Sur le mariage d’un ami et disciple : Comme il sera charmant / A deux / De choyer les poupées
Sur l’anniversaire de la fille d’un ami : Dix printemps / Fleurs de prunier / pour le dix ans de l’enfant
Sur la mort de son chien : Je l’ai mis en terre / Là où le vent d’automne / N’atteindra pas son oreille…
A surtout ne pas rater au début du livre, la préface de Akiyama YUTAKA qui en quelques pages arrive à nous expliquer dans un langage simple et à la portée de tous, l’art du Haïkus et plus particulièrement chez Natsume SÔSEKI.
La dernière partie du livre est également très intéressante en ce sens qu’elle met directement en regard les événements qui se déroulent dans la vie de l’auteur et les Haïkus qui lui ont été inspiré par ces événements avec beaucoup d’explications très pertinentes sur les traditions, les us et coutumes Japonais…
Enfin, pour ne rien gâcher ce petit livre est aussi un véritable livre d’art dans sa conception, présentant les dessins, cartes postales, sceaux et aquarelles, peintures et calligraphies du grand écrivain japonais et nous permettant de découvrir l’homme et l’artiste qui se cache derrière l’écrivain…
Traduction de Elisabeth SUETSUGU.
Septularisen - - - ans - 29 octobre 2009 |