Croquignole
de Charles-Louis Philippe

critiqué par Tmichel, le 19 juin 2011
( - - ans)


La note:  étoiles
Sacré Croquignole!
Charles-Louis Philippe a participé à la NRF aux côtés d'André Gide. Il a écrit quelques romans et contes d'excellente facture. Pour cet agent de la ville de Paris, la vie des humbles gens, ouvriers ou employés de bureau n'avait pas de secret. Leurs joies, leurs déconvenues et ce qui s'ensuivait dans les reins et les coeurs, les plaisirs de la campagne pour les couples de citadins qui quêtent leur éclosion, la truculence d'un repas de riche à qui vient d'hériter, les blessures de la vie, les tempéraments des hommes, la verve des uns, les silences des autres, rien n'échappe à ce fin observateur des mondes de la petite société, spécialiste ès entresols administratifs et chambres mansardées de couturières. La vie en ces strates de l'univers, qui n'est pas celui des bas fonds, est une épopée à rire et à pleurer, le contraire d'une tragicomédie: tout est bien qui finit mal. On n'y peut rien. Dans ces mondes-là, des êtres comme Croquignole n'y peuvent tenir, bon Dieu! et font autour d'eux tout le bien qu'ils peuvent, et le mal, parfois, par inadvertance.
On se dit après lecture: "Voilà la vie!" Du moins ce qu'elle était il y a un siècle. Et le verbe était beau. Ah! le festin qu'offre Croquignole à Félicien et Claude! Champ de bataille des "petits cavaliers de l'estomac"! Un morceau d'anthologie. Et je ne te parle pas de cet autre régal: "Honneur au corps de la femme!"

"On se demandait:
-Où s'arrêtera Croquignole?
Il répondait:
-A la mort!"