L'herbe folle du mur mitoyen
de Jean-Zéphyr Idoux

critiqué par CHALOT, le 14 juin 2011
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
Un petit bijou

« L'herbe folle du mur mitoyen »
roman de Jean-Zéphyr Idoux
auto édition
2001
16,50 €

La force des sentiments, des serments et des promesses.

Après avoir lu et dégusté les deux romans de Jean-Zéphyr Idoux se déroulant à Blandy en Brie, j'ai voulu en savoir plus sur cet original auteur en me procurant sa toute première œuvre.
Nous voici transporté en Lorraine, dans un village vosgien en 1869 pour être plus précis.
C'est l'histoire de gens simples donc une vie de tous les jours avec les travaux des champs, la préparation du cochon, le passage de l'orage et tant d'autres moments rituels ou extraordinaires .
L'auteur nous fait découvrir et aimer une population rurale telle qu'elle est sans fioriture...La jalousie, la haine et les rancœurs côtoient l'amitié, l'amour et les solidarités.
La modernité effleure le village mais personne ne peut ni ne veut oublier « le chant des grelots quand, dans les ornières des chemins poussiéreux, s'usent les roues des diligences. »

Célestin et Margot s'aiment et rien ne peut les séparer , jusqu'au jour funeste où Louise, jalouse décide de tout faire pour empêcher l'union de ces deux êtres.

Les descriptions sont minutieuses et poétiques, l'auteur agrémente son récit par l'apport de mots du terroir, inconnus de nous ou oubliés...Le lecteur n'est jamais perdu, le glossaire est là bien utile pour celui qui veut aller plus loin, quant à l'autre, entraîné par l'intrigue, il peut tout à son aise continuer sa lecture sans prendre le temps de se renseigner sur la signification de tel mot....Captivé par le récit, inquiet pour l'avenir des deux tourtereaux, il peut facilement poursuivre son chemin.
En ces temps là, les parents choisissaient souvent le futur ou la future de leur enfant, en laissant parfois faire la nature et le libre choix réciproque.

Mais tout n'est pas rose et les avis et pratiques divergent pour le meilleur et le pire :
«  Depuis des générations cette famille, l'oeil intéressé, convoite prairies, vignobles ou chènevières; l'âme cupide, elle marchande clos, enclos et pâturages. De père en fils, l'oeil patelin, ils chicanent pour une friche ou un pâtis. Insatiables, avares, rapaces, ils marient d'abord leurs terres, ensuite leurs filles. » !

Les deux amoureux sauront-ils conserver tous les deux leur propre jardin secret, installer le mur mitoyen de leur amour et empêcher que l'herbe folle y pousse ?

Jean-François Chalot