Le rêve du philologue : Nouvelles sur la joie de la découverte
de Björn Larsson

critiqué par Tmichel, le 2 mai 2011
( - - ans)


La note:  étoiles
Nouvelles intellectuelles et non moins passionnantes.
Universitaire spécialiste de langue française, Björn Larsson est un romancier suédois connu notamment pour avoir parlé de navigation et s'être intéressé au monde celtique. Il est né en 1953 et enseigne à Lund.

"Le rêve du philologue" est un recueil de nouvelles d'un genre un peu particulier: on pourrait en effet les qualifier de nouvelles "intellectuelles". Elles mettent chacune en scène un chercheur, un conférencier, un directeur de recherche ou autre thésard partagé entre questionnements philosophique, professionnel, existentiel, voire mystique.
Cela se passe en Suède mais on voyage aussi, en France ou en Italie, à la suite de personnages fortement ancrés dans leur individualité, avec lesquels on réfléchit à des problèmes que l'auteur connaît bien et qui sont des problèmes où se reconnaîtront ceux qui poursuivent de hautes études dans l'univers de la fac.
L'agencement des nouvelles suit un ordre pensé en boucle, qui part de la philologie de l'ancien français (d'où le titre de la première nouvelle, éponyme) à l'esthétique flaubertienne, en passant par les sciences "pures" et par la philosophie. Ces nouvelles constituent autant d'apologues sur le doute et le questionnement, où l'éthique de la science et la quête de la vérité tiennent le rôle central qu'on attend évidemment d'elles au niveau d'études supérieures.
Il faut s'attendre à retrouver les poncifs du genre, dont un avec lequel j'ai personnellement un peu de mal: les longues analepses (retours en arrière) au plus-que-parfait. Or, justement: je me suis laissé entraîner sans rechigner, cette fois. C'est qu'il s'agit souvent de mettre en cause, en question, en jeu même -et donc en perspective- toute une vie.
Björn Larsson livre donc ici un livre de qualité, finement pensé, non moins finement écrit. La remarquable mise en abyme finale est une réussite, et s'il n'y a pas de recette du chef-d'oeuvre, cette nouvelle qui clôt le recueil s'en approche tellement que je donnerais bien mon pesant d'or pour être capable de la lire en suédois!