Une vraie boucherie
de Bernard Jannin

critiqué par CC.RIDER, le 4 mars 2011
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Une vraie boucherie... littéraire
En Corrèze, dans le petit bourg de Monsac, vers la fin des années cinquante, règne dans sa boucherie-charcuterie le rubicond Richard Croquard grand spécialiste ès pieds de cochon. Sa femme Mariette trône derrière sa caisse tout en écrivant en secret un roman « Capitaine Chantejail » qui restera perpétuellement au niveau de l'ébauche. A la cave, le commis s'active dans une solitude besogneuse. Tout ce petit monde coule des jours heureux jusqu'au jour où les Croquard décident de prendre de l'extension en laissant Richard partir sur les marchés pour gagner encore plus...
Le monde de la boucherie-charcuterie est étudié avec la minutie pointilleuse du connaisseur ou du spécialiste (Jannin, présenté comme cinéaste et réalisateur de documentaires, fut-il lui-même boucher ? Son père ? Quelqu'un de la famille?). Ce premier roman naturaliste, provincial et artisanal, présente malheureusement un certain nombre de faiblesses : un style trop lourd et trop descriptif (avec emploi de néologismes ou de termes recherchés ou abscons comme palindrome, opodeldoch, pédimitaines ou palingénésie), des personnages caricaturaux jusqu'à l'improbable et le pire, une intrigue qui démarre lentement mais finit par promettre quelque chose dans le style de Garnier, Zola ou surtout Anatole France (on songe à une nouvelle version de Crainquebille) avant de déboucher dans le grotesque, le gore et l'invraisemblable. La fin semble complètement ratée et même bâclée. Dommage.