Le Cycle de Cyann, tome 3 : Aïeïa d'Aldaal
de Claude Lacroix (Scénario), François Bourgeon (Dessin)

critiqué par Blue Boy, le 22 février 2011
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
La planète cauchemar
Ayant découvert le secret des Portes du Grand Orbe, Cyann, à la suite d’une mauvaise manipulation, se retrouve par erreur sur une planète inconnue, sale et boueuse. Celle-ci n’est guère plus hospitalière que IlO, et peut-être pire encore car peuplée d’humains revenus à l’état de barbarie, oubliés de l’Empire, où seuls les plus forts survivent. Cyann sera dès son arrivée retenue prisonnière par une tribu d’enfants cruels et revendue à Aïeïa, une lesbienne baroudeuse écumant les côtes sur un vieux rafiot et vivant de trafics plus ou moins licites… Pour Cyann, se pose alors un défi périlleux : quitter cet enfer primitif pour retrouver le monde civilisé…

Avec ce troisième tome, nous voici transporté dans un univers encore totalement différent des deux précédents. Décidément, Bourgeon semble avoir créé cette saga uniquement dans le but de lâcher la bride à son imagination démesurée. Le trait toujours fabuleux ne réussit pas à décevoir, malgré un scénario de Lacroix parfois improbable, mais qui se ressaisit au fil des pages… Pour ce tome a été inventé un véritable argot parlé par les habitants d’Aldaal, sorte de langue résiduelle et primitive de la langue « civilisée » de Cyann. Si la démarche est estimable, le résultat l’est moins, car j’ai trouvé personnellement que cela alourdissait la lecture, certains termes n’étant toujours évidents à interpréter.

Cyann quant à elle poursuit sa métamorphose, ses péripéties et ses souffrances l’ayant rendu plus humble et plus humaine, tellement éloignée de la Cyann de Ohl. Cette évolution contribue grandement à l’intérêt de l’histoire, Bourgeon ayant su doter ses personnages d’une réelle épaisseur psychologique, à tel point qu’on a l’impression qu’ils pourraient exister dans la réalité. Les rapports entre Aïeïa et Cyann sont toujours ambigus, car on sait que Cyann n’est attirée que par les hommes, mais pas insensible au charme féminin… Très intéressant également le parallèle avec notre Terre, que l’on peut voir comme un réquisitoire contre les puissantes multinationales - incarnées ici par la MCU - qui exploitent les ressources terrestres sans se préoccuper de la condition des peuples et de l’environnement.

Clairement, si ce tome 3 n’est pas le meilleur, l’aventure est bien présente et le trait de Bourgeon retient comme toujours l’attention par son sens du pittoresque et du détail.
Encore un superbe voyage 8 étoiles

Encore une fois c’est avant tout la découverte d’un monde nouveau et superbement dessiné qui m’a emballé dans cette BD. J’ai comme d’habitude eu du mal à entrer dans l’histoire à cause d’un langage et d’une organisation étrange qu’il faut apprendre à découvrir. Mais cette fois, nous sommes à égalité avec Cyann qui se retrouve elle aussi propulsée sur Aldaal. Du coup, la sensation de ne pas tout comprendre immédiatement semble être plus logique que dans les tomes précédents. On parcourt ici un monde violent et l’on croise des personnages prêts à tout pour survivre sur une planète hostile où il faut perpétuellement fuir la longue nuit mortelle. A ce titre, Aïeïa vole un peu la vedette à Mademoiselle Olsimar. Le dessin est toujours aussi inspiré.

Un excellent album !

Kabuto - Craponne - 63 ans - 7 octobre 2011