Souffle en mon coeur un vent de Patagonie
de Nacho Carranza

critiqué par Saint-Germain-des-Prés, le 14 février 2011
(Liernu - 56 ans)


La note:  étoiles
Curriculum vitae hors du commun
Nacho Carranza, forcé de quitter sa Patagonie natale, s’installe à Bruxelles en 1978. Cet auteur doit être diablement doué pour les langues car c’est dans un français étonnamment riche et maîtrisé qu’il écrit « Souffle en mon cœur… ». Peut-on parler ici d’une autobiographie ? La quatrième de couverture nous indique qu’il s’agit du c.v. de quelqu’un qui ressemble à l’auteur. Ce qui n’apporte aucune certitude au lecteur. D’autant que le c.v. n’est pas celui de Carranza, mais d’un certain N. C. (Narciso Contador – c’est-à-dire Narcisse Conteur), et que ce n’est pas l’intéressé qui l’écrit, mais un narrateur (Carranza, donc ?)… Dans cette introduction un tantinet schizophrène (et malheureusement pompeuse), le flou persiste… Un flou qui inaugure ce curriculum vitae – ovni, un flou destiné (peut-être) à mettre le lecteur en position de patient biographe qui, au travers des 9 nouvelles consécutives aura la lourde tâche d’essayer de cerner la personnalité du sujet en question.

Comme souvent dans un recueil de nouvelles, la qualité n’est pas égale et l’enthousiasme du lecteur connaît des hauts et des bas.

Ma péférence va à « Descartes et moi », première nouvelle, et à « Correspondances intimes ». Dans la première, un homme, à l’occasion d’une chute, s’en remémore deux autres qui chacune marque un passage, « une blessure infime mais profonde ». Même principe de flash-back pour l’autre nouvelle, où une liaison avec sa voisine renvoie le narrateur à ses quinze ans et à ses premiers émois avec une prostituée. Le développement de ces deux histoires, surprenant, est traité avec délicatesse et par touches suggestives.

Curriculum puzzle, souvenirs diffractés, écriture riche (parfois trop), portrait en clair-obscur : mais qui est Nacho Carranza ?