Au nom de mon peuple de Malalaï Joya, Derrick O'Keefe (Co-auteur)

Au nom de mon peuple de Malalaï Joya, Derrick O'Keefe (Co-auteur)
(A women among warlords)

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités

Critiqué par Dirlandaise, le 8 janvier 2011 (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 68 ans)
La note : 8 étoiles
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Rien n'arrêtera le printemps

Le nationalisme n’est pas près de disparaître de la surface de la terre heureusement. Malalaï Joya en est une digne représentante. Cette jeune femme a consacré sa vie à la défense du peuple afghan en élevant la voix pour dénoncer la corruption et l’ingérence des puissances étrangères qui, sous prétexte de libération, ne font qu’aggraver une situation déjà intenable pour les pauvres, les femmes et tous les opprimés qui peuplent le territoire de l’Afghanistan.

Après nous avoir raconté son enfance passée dans des camps de réfugiés afghans au Pakistan, Malalaï Joya poursuit son récit avec son implication dans la cause humanitaire. Elle commence par enseigner clandestinement aux femmes sous le régime des Talibans et contribue à la création d’une école à Herat. Elle fonde ensuite l’orphelinat de Farah et se présente ensuite comme déléguée à la Loya Jirga de Kaboul qui est créée dans le but d’adopter une nouvelle constitution pour l’Afghanistan. Élue députée au parlement suite aux élections législatives de 2005, Malalaï milite activement pour la démocratie, la sécularisation de l’Afghanistan, les droits humains et en particulier celui des femmes. Elle n’hésite pas à prendre la parole afin de fustiger les seigneurs de guerre élus au parlement et avec qui elle doit travailler jour après jour. Bientôt, son franc-parler et sa probité lui valent des menaces de mort et elle doit s’entourer de gardes du corps afin d’assurer sa sécurité. Mais cela n’empêche nullement la jeune femme de parler et de dénoncer inlassablement la corruption qui règne dans le nouveau gouvernement soi-disant élu démocratiquement. Elle sera d’ailleurs suspendue du parlement en 2007 pour l’avoir comparé à une ménagerie.

Comme tout le monde, je connaissais un peu le chaos de la guerre en Afghanistan et la lutte entreprise par les USA contre le terrorisme mais le point de vue de Malalaï est très révélateur. Elle apporte un éclairage nouveau à mes faibles connaissances sur les événements qui ont façonné son pays et sur ceux qui le dirigent. Elle en veut particulièrement aux Etats-Unis qu’elle accuse d’envenimer la situation en finançant des chefs de guerre fondamentalistes dont Ben Laden à une certaine époque. Elle accuse également les USA de prendre pour prétexte à l’envahissement de son pays la cause de la libération de la femme afghane. Elle fustige Hamir Karzaï et son gouvernement corrompu. Elle déboulonne le mythe de Massoud qu’elle traite de criminel.

C’est un livre coup de poing, un vibrant plaidoyer en faveur de l’amélioration des conditions de vie du peuple afghan plongé dans la misère par des chefs de guerre cupides et vénaux. Malalaï veut informer le monde des conditions de vie déplorables régnant dans son pays sous l’occupation américaine. Elle veut changer l’image projetée par les médias à travers le monde au sujet de l’Afghanistan qui n’est pas qu’un repaire de terroristes et d’arriérés. C’est la fierté de son peuple qu’elle défend avec acharnement et cela fait plaisir à lire.

Tout en étant fort instructif, le livre dérange et renverse des mythes entretenus depuis des décennies par les grandes puissances qui ont intérêt à poursuivre leur occupation du terrain car les ressources naturelles de l’Afghanistan sont loin d’être inexistantes. Malalaï Joya est extrêmement bien renseignée, expose des faits et nomme des gens.

Je dois m’arrêter ici mais j’aurais tant à dire sur ce livre. Enfin je ne peux que vous inciter à le lire et ainsi aider la cause de Malalaï car l’amour de son peuple est ce qu’il y a de plus beau au monde à mon avis. Une femme courageuse qui mérite d’être entendue. Je lui souhaite longue vie.

« Je suis jeune et je tiens à la vie ; je n’ai peur que d’une chose : rester silencieuse devant l’injustice. Devenir indifférente au sort de mon peuple. C’est le chemin que trop d’intellectuels afghans ont suivi. (…) À ceux qui voudraient faire taire ma voix, je le dis : Je suis prête. Frappez où et quand vous voudrez. Vous pouvez me tuer, mais jamais vous ne tuerez mon esprit. »

« Malgré toutes les tragédies qui ont frappé mon pays au cours des dernières décennies, je crois que, si on lui en laisse l’occasion, le peuple afghan est capable de trouver la voie vers la paix et l’indépendance. »

« Rares sont ceux qui le savent en Occident, mais Benazir Bhutto, Premier ministre du Pakistan à l’époque, joua un rôle clé dans le financement des talibans et la promotion de leur domination de l’Afghanistan. Nombre d’Afghans l’ont surnommée « la mère des talibans ». Son but était d’exploiter des routes commerciales à travers l’Afghanistan tout en sapant l’influence de l’Inde dans le pays. Une fois de plus, mon pays était l’otage d’une partie d’échecs régionale qu’il n’avait aucun moyen de gagner. »

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