L'enfant perdu
de John Hart

critiqué par CC.RIDER, le 6 novembre 2010
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Un policier bien ficelé
Un an après la disparition de sa soeur Alyssa, enlevée un soir en rentrant chez elle, le jeune Johnny, son jumeau de treize ans est toujours a sa recherche. Il sèche les cours et mène toutes sortes d'enquêtes qui l'amènent à espionner divers pédophiles et délinquants sexuels de sa région, la Caroline du Nord. Sa mère s'est réfugiée dans l'alcool et son père a disparu sans laisser de nouvelles. Seul Clyde Hunt, l'inspecteur de police chargé de l'affaire qui a un faible pour sa mère, le soutient tout en le surveillant discrètement. Mais la disparition d'une autre fillette et plusieurs découvertes macabres vont relancer les recherches...
Un roman policier de facture classique. En compagnie du petit Johnny, le lecteur suit une enquête particulièrement difficile, embrouillée et qui se perd bien souvent sur toutes sortes de fausses pistes avant de livrer la réponse à l'énigme dans les toutes dernières pages. On reste donc dans la tradition. La seule originalité vient de l'âge du jeune enquêteur, bien sympathique quoiqu'assez improbable. D'une histoire somme toute banale, triste fait divers comme on a pu en lire plus d'un dans la presse, Hart arrive à tirer près de cinq cent pages en nous noyant sous les détails autant psychologiques que descriptifs, ce qui lasse un peu et fait souvent perdre son rythme au récit. Mais cette façon de délayer à outrance est malheureusement devenue une mode depuis qu'un certain King l'a inaugurée avec succès il y a quelques décennies. La traduction laisse parfois à désirer : redîtes, répétitions, mots mal choisis, donnant à subodorer un travail expédié à la va-vite. L'ensemble donne l'impression d'un polar verbeux mais bien ficelé tout de même, en tous cas certainement pas le « chef d'oeuvre » annoncé en quatrième de couverture.
Très bon policier mais longueurs et clichés. 8 étoiles

Voilà un an que sa sœur Alyssa a disparue, enlevée alors qu'elle revenait de la bibliothèque. Alors que son père est parti, que sa mère a sombré dans la drogue et l’alcool, Johnny, 13 ans, s'est lancé dans une quête désespérée pour la retrouver. Séchant régulièrement l'école, il répertorie les maisons des délinquants sexuels, et quand une jeune fille disparaît, qu'une fois de plus la police n'a aucune piste, convaincu qu'il s'agit de la même personne qui a enlevé sa sœur il prend tous les risques, parvient à découvrir la jeune fille récemment disparue. Une découverte qui va ouvrir pour la police de nouveaux horizons mais pas immédiatement la piste de la disparition de sa sœur.
La conduite du scénario est dans son ensemble plutôt bien maîtrisée, on va de rebondissement en rebondissement. Les chapitres sont écrits selon différents points de vue, ceux de l'adolescent qui a mûri trop vite et ceux du policier qui n'a jamais baissé les bras sont mis en avant. Il faut toutefois relever que certains points de vue n'étaient pas forcément nécessaires, surtout dans la première partie qui est longue à se mettre en place, et qu'ils ont parfois tendance à éloigner le lecteur de l'enquête en elle-même. Un récit sombre à souhait, à l’ambiance particulièrement sombre, à l'atmosphère pesante chargée de drames, de misères, de dérives, de violences... et de non dits.
Si les personnages ne manquent pas de reliefs, on n'échappe malheureusement pas à de nombreux clichés : une mère accablée dans le chagrin, accablée par la tristesse, qui a totalement sombré, un amant riche, drogué et violent, un flic torturé, acharné au travail dont la vie familiale a éclaté, un supérieur trop tiède qui ne veut pas de vagues, qui met l'enquête en péril. Un Johnny attachant, d'un côté trop mature pour son jeune âge et parfois trop enfantin qui dément le premier côté. Des réactions de l'adolescent qui ne cadrent pas à son âge réel et qui se jettent au devant du danger sans vraiment réfléchir.
La plume de l'auteur se révèle certes addictive, mais l'on n'échappe pas là non plus à certaines lourdeurs, maladresses, aux descriptions parfois longues et plates. La deuxième partie est plus intéressante, plus hachée, plus rythmée.
Au final, un roman policier à lire malgré les quelques défauts relevés, un dénouement surprenant, une ambiance pesante très réussie, des personnages très développés mais qui font clichés, un rythme très dynamique dans la seconde partie et qui retient toute l'attention du lecteur. L'enfant perdu est un très bon policier mais que l'on ne peut qualifier de thriller de par ses périodes longues et parfois un peu ennuyeuses car l'on a du mal à comprendre ce que certains passages peuvent amener au récit.

Goupilpm - La Baronnie - 67 ans - 14 janvier 2018


Sombre tragédie 8 étoiles

Les thrillers de John Hart sont originaux en raison des angles hors de l’ordinaire avec lesquels il aborde ses intrigues. Ici, il y’a bien un policier qui enquête, mais c’est plutôt le frère de la fillette disparue qui est au centre du roman. Ceci permet d’échapper aux interminables récits procéduraux que l’on rencontre trop souvent dans le genre.

Encore une fois, il tisse une histoire touffue, vraisemblable et remplie de rebondissements. Je n’ai pas trouvé le(s) coupables(s) avant la finale. Hart échappe aussi à la tendance de l’extrême. Bien que le fond soit horrible, il évite les scènes de violence inutiles et le sanguinolent.

(Prix Edgar, Barry, Steel Dagger)

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 54 ans - 7 janvier 2013