Les passagers du Vent, tome 5 : Le Bois d'Ebène
de François Bourgeon

critiqué par Blue Boy, le 7 octobre 2010
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Les horreurs du commerce triangulaire…
Mardi 21 août 1781. Le « Marie-Caroline » lève l’ancre pour les Antilles, avec sa cargaison d’esclaves, sous le commandement des seuls lieutenants Bernardin et Chenier, secondés par le tout jeune Vignebelle. A bord, Isa, son compagnon Tragan et son amie Mary, jeune maman et jeune veuve supportent de moins en moins l’atmosphère pesante et la concupiscence des matelots.

Dernière étape de ce voyage au rythme des négriers… L’événement central de ce chapitre sera la mutinerie des esclaves à bord du navire… avec ses rebondissements propres au récit d’aventure. Un reproche toutefois, il me semble que Bourgeon a quelque peu occulté les conditions de vie terribles des esclaves dans ces bateaux… Bien sûr, on devine qu’il ne peut souscrire à ce génocide humain et qu’il rejette le racisme, alors on ne lui en voudra pas, supposant qu’il a omis cet aspect des choses de manière inconsciente. Peut-être faut-il aussi se repositionner dans le contexte des années 80, où le sujet faisait moins polémique…

Bien aimé le personnage de Grignoux, le cuisinier homosexuel moqué par le reste de l’équipage et qui saura prendre sa revanche avec panache. Encore un « anachronisme » dans ce siècle où l’homosexualité semble n’avoir jamais existé (a fortiori dans ce type d’histoire), au même titre que le féminisme. C’est cela qui est rafraîchissant et unique chez Bourgeon, et qui participe aussi à sa marque de fabrique… L’histoire d’amour entre Isa et Hoel ne se terminera pas tel un conte de fée (Bourgeon sait éviter le gnan-gnan), plutôt sur un mélange de chagrin et d’espoir, laissant entrevoir la reprise de la série qui d'ailleurs a eu lieu l’an dernier, soit 25 ans après ce dernier tome… pour le plus grand plaisir des fans…