Nous retrouvons-là, avec plaisir, nos cinq enfants abandonnés dans une ville déserte sans que l’on sache ce qui s’est exactement passé dans cette fameuse nuit initiale, du moins pour notre histoire…
Ce chapitre, si vous me permettez cette expression inadéquate pour une bande dessinée, va permettre d’aborder une nouvelle problématique, celle de la vie en société. Nos cinq jeunes rencontrent un autre groupe, plus important, qui est en train de faire renaître une société avec des règles, une hiérarchie, un partage des tâches, un sexisme indiscutable… Comment nos cinq jeunes vont-ils pouvoir s’intégrer sans se renier ?
Dodji et Leïla, les deux fortes personnalités, se retrouvent confrontés à Saul qui se comporte, pour le coup, en dictateur. Il navigue entre protecteur cynique et chef injuste. Il a construit son mythe sur un combat improbable entre lui, jeune garçon, et le grand requin blanc !
Si Dodji veut retrouver l’indépendance pour lui, voir même pour ses amis, il faudra qu’il plonge à son tour dans ce bassin dangereux…
Deux éléments me semblent marquer ce troisième volet de l’histoire. D’une part, un léger fléchissement du scénario, même si cela reste encore très bon, et une amélioration graphique, si cela était encore possible. C’est un peu comme si Fabien Vehlmann cherchait comment il allait pouvoir faire durer le suspense tout en restant attractif et dynamique. A mon point de vue, mais cela n’engage que moi, la vie avec le nouveau groupe, au sein de ce parc d’attraction, est un peu longue. L’idée des mariages forcés, si on comprend bien l’allusion sectaire, est trop étirée au long des planches. Par contre, Bruno Gazzotti en profite pour améliorer les personnages et fait montre de tout son talent pour rendre certaines séquences d’un dynamisme de bon aloi pour la suite de la série, par exemple page 34.
Cette série demeure donc une excellente production adaptée à des lecteurs d’âge très varié et ce n’est pas si courant de nos jours d’écrire pour tous avec autant de talent !
Shelton - Chalon-sur-Saône - 69 ans - 21 novembre 2010 |