La passe dangereuse
de William Somerset Maugham

critiqué par Antinea, le 3 octobre 2010
(anefera@laposte.net - 45 ans)


La note:  étoiles
Le voile des illusions
La belle Kitty s’est mariée avec Walter, médecin-bactériologue, pour la simple raison qu’elle ne supportait plus sa mère ni l’idée de voir sa sœur cadette mariée avant elle. Elle vit désormais en Chine et elle s’ennuie, méprise son mari parce qu’il ne lui apporte même pas de renommée au sein de la société coloniale, et pense qu’elle mériterait mieux. Elle prend un amant, un homme athlétique, séduisant, que tout le monde admire… mais il est marié. Néanmoins elle reporte sur lui tous ses espoirs : lui seul est digne d’elle, lui seul peut lui garantir un avenir plus reluisant.

Mais Walter découvre cette liaison et met son épouse écervelée devant ses responsabilités : ou elle l’accompagne à Mei-Tan-Fu pour affronter une épidémie de choléra et une mort certaine, ou ils divorcent et sa réputation de femme sera à jamais ternie. Devant la cruelle déception de voir son amant se défiler, Kitty n’a d’autre choix que de suivre Walter, mais reste insensible, aveugle à détresse de ce mari blessé.

La dernière version cinématographique en date de ce roman (The painted veil, 2006) avait pris le parti d’une histoire d’amour sur fond de drame historique ou de catastrophe naturelle. L’amour vainqueur face à l’adversité, quelle qu’elle soit. Mais le livre est bien moins romantique, beaucoup plus réaliste et du coup plus marquant. J’ai tout de même regretté une introspection trop superficielle, des passages auraient pu être plus développés, analysés… Cette pudeur dessert le livre qui reste beau, sans plus. Un récit qui ravi mais qui assoiffe…