Colbert : La vertu usurpée
de François d' Aubert

critiqué par CC.RIDER, le 10 septembre 2010
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Colbert rhabillé pour l'hiver
Ancien ministre, issu d'HEC et de l'ENA, François d'Aubert fait ici oeuvre d'historien en s'attachant à déboulonner quelque peu la statue respectable d'un personnage historique longtemps présenté comme honnête et bénéfique. Il casse donc le mythe du "vertueux Colbert". Celui-ci fut d'abord un courtisan zélé pour ne pas dire un serviteur obséquieux. Sa légendaire probité est battue en brèche lors de l'affaire Fouquet, avec cette volonté d'accroître sa fortune personnelle par tous les moyens, même les plus frauduleux. Quant à son sens de l'Etat, il se résume en réalité à placer bon nombre de membres de sa famille à des postes-clés. D'Aubert s'en prend également à son centralisme et à cette conception particulière de l'économie qu'on appellera plus tard "Colbertisme". Il écrit : "On le voit, le colbertisme porte en lui les germes de l'étatisme, de l'interventionnisme économique et de la guerre."
Un livre intéressant, instructif, mais une véritable charge venue d'un libéral dont on comprend bien les raisons de l'interprétation. Sans mériter toutes les louanges dont le gratifièrent les historiens des siècles précédents, la réalité du ministre du Roi-Soleil doit se trouver quelque part au milieu et surtout loin de l'anachronisme. Colbert n'était sans doute pas différent des grands commis de l'Etat de cette époque pour qui la différence entre la finance publique et la finance privée était pour le moins floue. Idéologiquement son importance fut énorme car elle se fait sentir jusque de nos jours. Et c'est sans doute ce qui indispose l'auteur qui aimerait bien que l'on finisse par s'affranchir de cet héritage plutôt pesant à son goût.