Adieu
de Honoré de Balzac, Lucette Vidal (Autre)

critiqué par CC.RIDER, le 3 septembre 2010
( - 65 ans)


La note:  étoiles
Tout l'art de Balzac
Egarés dans la campagne autour de la forêt de l'Isle-Adam, deux amis chasseurs, le marquis d'Albon, magistrat, et le baron de Sucy, ancien colonel de l'armée impériale, ont la surprise d'apercevoir, dans le parc d'une propriété à l'abandon, une silhouette féminine fort étrange. Cette jeune femme qui vit comme un être primitif, courant dans la nature, sautant de branche en branche, vêtue n'importe comment. Elle est incapable de communiquer avec d'autres humains si ce n'est en répétant machinalement un seul mot : « Adieu ». De Sucy la reconnaît, il s'agit de Stéphanie de Vandières, la femme qu'il a passionnément aîmée autrefois et dont il fut tragiquement séparé lors du terrible passage de la Bérésina en 1812. Nous sommes en 1819. Capturée par les Russes, on ne sait pas trop ce que Stéphanie a dû subir pendant toutes ces années. Elle vient d'être retrouvée dans une auberge strasbourgeoise, errant comme une vagabonde hébétée. Pour lui faire retrouver la raison, de Sucy va tenter un ultime stratagème...
Très belle nouvelle ou court roman (93 pages) de l'immense Honoré de Balzac, « Adieu » fut publié dans la revue « La mode » au printemps 1830 et aurait dû faire partie d'un corpus plus important intitulé « Scènes de la vie militaire ». Cette histoire est un peu le pendant féminin du plus célèbre « Colonel Chabert ». Son morceau de bravoure est l'épisode de la Bérésina qui est parfaitement décrit. Balzac s'était beaucoup documenté (Général de Ségur) et disposait même du témoignage d'un ami présent sur les lieux. La langue est belle, bien sûr, et le traitement de cette histoire touchante et romantique est fait avec délicatesse et doigté. On imagine ce qu'un de nos écrivains modernes aurait fait du calvaire subi par cette pauvre femme. Aucun détail, même le plus sordide, ne nous aurait été épargné. Avec Balzac, rien de tel. Il suggère, on devine. Là, se trouve l'art véritable et non dans le grand-guignol.
Quand Balzac décrit l’incroyable passage de la Bérézina en Russie par la Grande Armée en 1812 9 étoiles

Adieu traite de la folie et du passage de la Bérézina par l’armée française en 1812. Folie d’une femme que son amant qui la croyait perdue lors la retraite de Russie, retrouve pendant une chasse dans un lieu totalement isolé et abandonné. Le récit est situé dans une forêt où des anciens moines ermites appelés « bonshommes » s’étaient retirés pour créer un prieuré et vivre une vie monacale. C’est un lieu « hors normes ». Ces endroits et ces prieurés ont vraiment existé. Notamment en Touraine et dans le Poitou, où Balzac ne pouvait ignorer leur existence.
Il explore la folie d’une femme vivant dans les bois comme une sauvage et dont les premiers troubles ont commencé lors du passage de la Bérézina. Pour son amant, elle s’était perdue en Russie (comme de nombreux autres). Elle avait peut-être été prisonnière des Russes et devait être morte.
Philippe de Sucy fraîchement rentré de Sibérie, son ancien amant, la retrouve de façon fortuite et tentera de la soigner. Par amour, il ira jusqu’à creuser un canal pour recréer la Bérézina sur ses terres pour faire revivre à sa maîtresse la scène terrible du passage du pont, espérant par là obtenir un choc psychologique salvateur.
La description de la retraite des armées françaises et de toutes les personnes, femmes et enfants qui les suivaient ainsi que des convois chargés de biens et de trésors, harcelés sans relâche par les cosaques, est traité de façon majestueuse. Le style est puissant et sublime. La langue est belle.
En revanche, la chute de cette nouvelle ne semble pas à la hauteur de ce texte magnifique. On reste sur sa faim…

Chene - Tours - 53 ans - 30 mars 2014


Adieu 10 étoiles

Le livre Adieu m'a vraiment renversé. Dans ce roman, on assiste en partie à la débandade française en Russie en 1812. Les descriptions sont tellement bonnes que je ressentais presque le froid glacial que devaient supporter les soldats. De plus, Balzac parle ici de façon indirecte du syndrome post-traumatique avec Stéphanie de Vandières. Elle est tellement traumatisée qu'elle vit maintenant comme un animal. De Sucy tentera par tous les moyens de faire revenir sa belle dans le monde normal.

Pour moi, c'est un grand livre de Balzac. C'est un livre très touchant.

Exarkun1979 - Montréal - 44 ans - 23 octobre 2011