Les guerres du climat : Pourquoi on tue au XXIe siècle
de Harald Welzer, Bernard Lortholary (Traduction)

critiqué par CC.RIDER, le 3 septembre 2010
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Silence, on tue
Sous-titré « Pourquoi on tue au XXIème siècle ? », cet essai magistral qui tire les leçons du passé (colonisation, surexploitation des ressources naturelles) pour tenter une projection dans l'avenir n'a rien de réjouissant. Devant l'inconscience et l'avidité de l'homme, la planète n'en peut mais. L'eau, les matières premières, les énergies fossiles et jusqu'au sol lui-même n'étant pas inépuisables, l'humanité court à la catastrophe. D'autant plus que les pays émergents (Chine, Inde, Brésil) exigeant leur part du gâteau, n'entendent pas se soumettre à quelques restrictions que ce soit. Le « réchauffement climatique », prudemment retoqué en « dérèglement climatique » et la surpopulation entraîneront de plus en plus de conflits, ce qui se conçoit aisément. Le dos au mur et menacé de mort, un peuple ne peut faire autrement que de lutter pour sa survie les armes à la main. De plus, l'Europe et les Etats-Unis devront subir des migrations humaines massives et d'une ampleur encore jamais vue. Aux réfugiés politiques ou économiques s'ajouteront les cohortes innombrables des réfugiés climatiques.
On peut faire quelques reproches à cet essai journalistico-universitaire comme une certaine aridité stylistique ou un manque de recul par rapport à certaines idées du moment, mais pas celui du sérieux de la documentation, ni celui de la justesse des analyses et encore moins celui de l'honnêteté intellectuelle. Welzer étaie historiquement son propos en remontant à l'époque de l'expansionnisme européen et même à la philosophie des Lumières (pour leur idolâtrie du « progrès ») et s'appuie sur des faits aussi réels que monstrueux comme le génocide rwandais pour lequel l'aspect ethnique semble secondaire ou le conflit du Darfour, selon lui première guerre climatique de l'Histoire sans évoquer les problèmes religieux sous-jacents. A la fin du livre, il envisage deux scénarios d'évolution possible : d'abord une évolution vertueuse (les peuples acceptent de passer à la décroissance et à une gestion raisonnée de la planète, puis le « continuer comme d'habitude » avec le chaos à la clé en ne cachant pas que cette seconde alternative lui semble beaucoup plus probable. Un livre important, fort intéressant dans la mesure où il apporte une caution « scientifique » à la vision prophétique du « Camp des Saints » de Jean Raspail.