Pour utiliser une expression déjà relevée : un livre-monde.
Trop peu connu en France, l’auteur appartient à la catégorie des « lourds » dans la littérature américaine (grand universitaire et trois Prix Pulitzer, quand même…). Il peut être rattaché à la littérature dite « sudiste ».
« Tous les hommes du roi » a été publié juste après la dernière guerre mondiale. Un ancien journaliste (Jack Burden), devenu confident et assistant d’un homme politique au parcours trouble mais fulgurant (le Gouverneur Willie Stark), relate son expérience de la proximité du pouvoir et la replace dans le cours de sa propre vie. La narration est vive, un peu inspirée par le cinéma (le livre donnera lieu à un film, encore moins connu que le livre). Les faits se déroulent dans un « Sud » assez peu précisé, dans les années 1930. Une sorte de malédiction plane – thème très « sudiste » - dans cette tragédie traitée à « l’antique ».
Sauf à être né de la dernière pluie, le lecteur n’apprendra rien des turpitudes de l’exercice du pouvoir dans la démocratie américaine. L’intérêt du livre est ailleurs : dans la conception du monde dans lequel s’inscrit le récit, dans le traitement des événements, dans une vision de l’Histoire.
Rousseauistes ou calvinistes convaincus, théologiens conformistes, marxistes authentiques, abstenez-vous ! L’homme n’est ni bon ni mauvais et s’il lui arrive de faire le Bien, c’est à partir du Mal. Le Bien et le Mal sont en permanente interaction et cela dès la Création ! L’Histoire n’a aucun sens ! Bref autant de sujets que notre actualité appelle fortement à méditer.
MAPAL - - 78 ans - 30 août 2023 |