La disparition de Paris et sa renaissance en Afrique
de Martin Page

critiqué par Laure256, le 31 août 2010
( - 51 ans)


La note:  étoiles
Original, décalé et séduisant
Mathias, quarante ans, est fonctionnaire, chargé de la rédaction de tous les discours du Maire de Paris. Solitaire, il a néanmoins une relation suivie avec une femme qu’il rencontre un soir par semaine à l’hôtel. Petite vie bien rangée, qui va se trouver bouleversée par un accident dans la ville, une bavure policière entachant une femme d’affaires africaine, au pouvoir certain. Un soir dans le quartier de Barbès, Fata Okoumi est matraquée par un policier, sans raison explicite. Gravement blessée, elle est hospitalisée. Mathias va être chargé de la communication autour de cette affaire, et bien plus, il va devenir l’interlocuteur privilégié de Fata Okoumi. Avant de sombrer dans le coma, celle-ci va avoir une curieuse requête en guise de demande de réparation : la disparition de Paris. Casse-tête pour Mathias, qui veut bien évidemment accorder réparation à la victime, mais qui ne sait comment comprendre cette demande…

Etonnant roman où il ne se passe pourtant pas grand-chose d’autre que ce qu’énonce son titre, et pourtant j’ai eu grand plaisir à m’y plonger, à suivre l’évolution du personnage principal, Mathias, les changements dans sa personnalité et sa vie personnelle au fil de sa mission, les solutions surprenantes proposées, cette aventure hors norme qui va le conduire à sa propre renaissance, en passant par des réflexions pertinentes sur le pouvoir, une certaine culpabilité d’anciens colonialistes, le jeu politique. La fantaisie ajoutée aux personnages apporte un plus à ce roman décalé et séduisant.
Une histoire originale 8 étoiles

Sixième roman de Martin Page, la disparition de Paris et sa renaissance en Afrique, est, comme à chaque fois avec cet excellent écrivain, une lecture attrayante et originale. Mathias, la quarantaine, est chargé de mission auprès de la mairie de Paris, son travail consistant à rédiger des notes pour le Maire et ses adjoints. Sa vie est des plus banales et seules ses rencontres hebdomadaires avec une certaine Diana pimentent un quotidien ordinaire. Un jour comme un autre, une mission va changer le cours de cette vie qui suivait son cours comme un long fleuve tranquille. Victime d’une bavure policière, une riche femme d’affaires, Fata Okoumi, est hospitalisée. Mathias se retrouve donc dans le rôle du conciliateur dans cette histoire entre une mairie embarrassée et une septuagénaire camerounaise décontenancée. Sans le savoir, cette rencontre va s’avérer décisive car avant de tomber définitivement dans le coma celle-ci lui confirme sa dernière volonté : faire disparaître Paris.

Lire Martin Page est un réel plaisir et cela je tiens à le souligner. Ses romans dans leur ensemble sont originaux même si souvent les thèmes de la remise en cause et du renouveau pointent le bout de leurs nez. Les thématiques abordées sont nombreuses dans ce roman : travail, solitude, nouveaux rapports amoureux…
Ce que j’ai particulièrement apprécié dans ce roman est son ton : parfois désabusé, parfois rêveur, optimiste, le tout dans un style fluide teinté de touches d’humour, de réflexions sur notre société, nos désirs, nos envies, nos attentes, nos rapports à l’autre mais je me répète. On sent une grande intelligence derrière ses lignes.
Malgré une certaine lenteur dans l’action, car au final peu de choses se passent si l’on y réfléchit un peu, la disparition de Paris et sa renaissance en Afrique est un roman qui m’a accroché, comme à chaque fois avec Martin Page d’ailleurs. Un auteur à l’image de notre génération de trentenaires, balancée entre les valeurs anciennes et actuelles. Une génération qui se cherche quelque peu.

Bref un roman très plaisant, un auteur à découvrir pour ceux qui ne le connaissent pas encore.

Sundernono - Nice - 40 ans - 5 décembre 2014