Le gai désespoir
de André Comte-Sponville

critiqué par Jules, le 12 février 2002
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
Une certaine vision du monde
Ce petit livre reprend la discussion entre André Blatchen, de la RTBF, et André Comte-Sponville, lors de l’émission TV intitulée « Noms de Dieux » L’entretien est divisé en plusieurs parties et le livre porte en sous-titre celui de « L'éloge du gai désespoir »
Comte-Sponville est partisan d’une spiritualité sans dieu et se qualifie d’ « athée fidèle » Selon lui, ce que désirent les hommes, c'est avant tout de ne pas mourir, de retrouver les êtres chers aujourd'hui disparus. Or, c'est ce que la religion nous propose. Il est certain, dit-il, que la difficulté se trouve dans l'athéisme, car il est difficile de renoncer à ses espoirs. Il réfute autant le « messianisme marxiste » qu'il qualifie ainsi : « … une espérance, certes valant pour cette terre, une espérance immanente, comme diraient les philosophes, mais qui avait bien tous les caractères, par ailleurs, de l'absolu religieux. »
La vie est telle qu’elle est et il n'y a pas d'autres façons de la prendre. Elle est à prendre ou à laisser.
Lui part d'un principe matérialiste qui dit que la vie fait ce qu’elle veut, qu’elle n'a pas à être comme ceci, ou comme cela, et que notre capacité au bonheur sera proportionnelle à notre capacité d’accepter la souffrance. « La religion est une illusion ; pire, une lâcheté et un reniement. »
Devant choisir une image qui qualifierait le siècle, il choisit la photo de l’explosion atomique sur Hiroshima. Il dit avoir hésité entre celle-là et une d’Auschwitz. Dans l’explosion atomique, il y a la capacité technique extraordinaire de l'homme moderne, ainsi que tout ce que cette technique suppose aussi de dangers que l'homme va devoir maîtriser.
Il se déclare d’accord avec Marx sur deux points : les structures économiques déterminent nos sociétés, la seule façon d'agir sur cette infrastructure vient de l’action politique. Il y a donc bien primat de l'économie et primauté de la politique, selon lui.
Quelle est aussi une autre des grandes menaces pour l'homme ? « …l’homme sans esprit et l'homme sans jugement, c’est ce qui nous menace ».
Comte-Sponville nous dit que : « Le XXieme siècle sera fidèle ou il ne sera pas. » Cette fidélité, c’est celle à nos valeurs historiques, celles qui font que nous sommes ce que nous sommes. Nous les avons reçues, il nous appartient de les transmettre.
Et pourquoi le « gai désespoir » ? Parce qu’il estime qu'il ne faut pas espérer, que c'est de l’espoir que vient la déception, et qu'il faut d'abord et avant tout vivre !
Découvrez ce petit livre, il est une excellente base de réflexion et se lit facilement.