Plus méchant, tu meurs
de Tim Keown, Dennis Rodman

critiqué par Oburoni, le 7 juillet 2010
(Waltham Cross - 41 ans)


La note:  étoiles
Demolition Man
Dennis Rodman. Joueur de basketball exceptionnel, celui qui se foutait de marquer des points mais était plus intéressé par la défense et les rebonds, dont il détient une moyenne record, élu 7 fois meilleur rebondeur sur 7 saisons consécutives ( 1992-98 ). L'excentrique qui se teint les cheveux, se vernit les ongles, porte des vêtements de femme et conduit une Harley Davidson rose. Celui qui a été 5 fois champion NBA, 2 fois avec les Pistons de Detroit, 3 fois avec les Bulls de Chicago dont il a contribué, aux côtés de Michael Jordan et Scottie Pippen, à bâtir la légende. Une star à paillettes qui a eu pour petite amie Madonna et sera marié à Carmen Electra. Un joueur sélectionné deux fois pour les All Star Game. Un habitué des scandales, excentrique, plus grand que la vie. Dennis Rodman c'est tout cela à la fois : un personnage, un caractère qui se raconte ici, fidèle à son habitude : sans mâcher ses mots.

On pourrait s'attendre à ce qu'un tel livre vire a l'autopromotion paillettes, du "shocking" juste pour vendre ( la couverture et le titre font un peu peur à ce niveau-là ), et bien non. Il s'agit en fait d'un livre sensible et intelligent.

Partant du moment où, en 1993, la police le retrouve dans un pick-up, garé sur le parking d'un stade de Detroit, un fusil sur les genoux -sa femme vient de divorcer, il n'a presque plus le droit de voir sa fille et les membres de l'équipe où il se sent le plus à l'aise ont tous été vendus à droite à gauche- il commence à se lâcher, raconter son histoire.

Il parle de son enfance dans les quartiers noirs et pauvres de Dallas. Il raconte comment, parce qu'il est doué au basket, il sera envoyé au collège pour y intégrer une équipe. Il parle de son amitié avec un gamin blanc qui le fera vivre au sein de sa famille -des fermiers avec qui il habitera pendant quatre ans, une expérience décisive sur le plan humain. Il aborde son divorce, les relations avec sa fille, son aventure avec Madonna. Il revient, bien sûr, sur sa carrière de joueur : les Detroit Pistons, ces fameux "Bad Boys" ( lui, Isaiah Thomas, Joe Dumars et Bill Laimbeer ) au jeu puissant et agressif; les San Antonio Spurs, où des clashs éclatent entre lui et le coach et les autres joueurs, qui ne l'ont jamais accepté tel qu'il est; les Chicago Bulls enfin, équipe parfaite où son talent explosera aux côtés de Michael Jordan et sous l'égide de Phil Jackson.

Le style est rude, il a une grande gueule mais même quand il agace -se plaignant de son petit salaire !- il en profite pour marquer des points. Il dénonce la NBA qui vire plus à un cirque, du sport business où des joueurs, même rookies, sont payés plusieurs dizaines de millions de dollars juste pour faire un show -dunks etc...-, vision réductrice du basket. Il tape contre l'homophobie hypocrite qui règne dans le sport de haut niveau -même si lui-même n'est pas gay-, contre les drogues et, aussi, les préjugés racistes ( on se souvient de ses propos sur Larry Bird : "joueur surestimé parce que blanc" ). Bref : il ne parle pas seulement de lui-même mais va au-delà pour donner une certaine idée du basketball.
Rafraichissant.

L'autobiographie sensible et intelligente d'un grand joueur; un regard franc sur le sport de haut niveau par un de ses vétérans.