Bios
de Robert Charles Wilson

critiqué par Lolo6666, le 14 juin 2010
( - 50 ans)


La note:  étoiles
Un Space Opéra qui mérite persévérance
"Cette Zoé Fischer était différente. Elle avait été créée par la branche Mécanismes & Personnel des Trusts, puis élevée et adaptée en vue d'une mission sur le lointain et hostile monde d'Isis. Une machine humaine, au fond. Dotée d'une biorégulation extrêmement précise : Anna Chopra ne doutait pas qu'avant même que la fille ne sache parler, le moindre de ses mauvais rêves et de ses moments d'extase n'ait été examiné, mesuré et apaisé par le thymostat, dispositif complexe malgré sa taille réduite [...] Fais quelque chose Zoé, pensa Anna. Quelque chose d'insensé, de tapageur, de grand. Pleure, tombe amoureuse, écris des poèmes. Ouvre grands les yeux sur ton nouveau monde".

En SF, Bios fut ma dose de trop lors de ma première tentative de lecture. L'histoire est si complexe à situer "vocabulairement" parlant, que l'auteur a eu raison de ma concentration. Beaucoup de termes scientifico-techniques réels et inventés, ainsi qu'une masse d'informations géographiques et contextuelles qui, dès les premières pages, m'ont égaré... jusqu'à l'abandon. Certainement un mauvais choix juste après "Fondation".

Et puis, le temps m'ayant éloigné des voyages galactiques et de leur jargon, devenu imbuvable, j'ai de nouveau croché dans ce space-opéra avec cette fois-ci la ferme intention de le décrypter. Grand bien m'a pris.

Le roman n'est pas intéressant par son originalité. Des stations orbitales, au sol et océaniques avec, à leur bord, des spécialistes ayant pour rôle d'étudier et de percer les secrets du biotope de la planète Isis et un personnage principal, Zoé, destinée à explorer ce nouvel environnement. Scénario assez simple somme toute. Pourtant, l'histoire est captivante. L'auteur lui donne une dynamique constante et ascendante en alternant des passages impersonnels liés aux conséquences directes et évolutives de la confrontation biologique avec cette planète et d'autres plus intimes, attachés aux relations qu'entretiennent les différents personnages au sein d'une ambiance confinée et menaçante. Le tout teinté d'amour naissant et de mort latente.

Le livre est bon pour ce qu'il raconte, mais il existe surtout à travers l'inventivité et la richesse verbale de l'auteur. De ma première déception jusqu'à voir Jasmin Chopra observer un bout de l'ancienne station des Trusts récupérée par la nature d'Isis, j'ai énormément apprécié.
Un roman digne des meilleurs 9 étoiles

Pour moi, ce roman renoue avec l'âge d'or de la SF : un ailleurs avec qui faire connaissance et, pour cela, un minimum de technologie.
Il est évident que décrire une nouvelle planète avec sa flore et sa faune en si peu de pages, cela reste une gageure. En effet, nous en saurons finalement relativement peu sur les "mineurs", créatures les plus évoluées de la planète. Mais cela importe peu pour l'histoire.
Mais ce livre nous pose une fois de plus les questions essentielles : sommes-nous seuls dans l'univers ? Quels doivent être les contacts avec l'Autre ? La destruction d'une protection, est-ce une attaque ou bien un acte naturel de défense de l'organisme de l'Autre ? Comment serions-nous si nous étions génétiquement modifiés (y compris au niveau de nos sensations) ?
PS : pour ce qui est de la difficulté de lecture, je ne l'ai pas ressentie. Peut-être suis-je sevré depuis le temps où je lisais les romans de l'âge d'or que ce soit les auteurs français, américains ou bien encore soviétiques qui étaient souvent très "techniques".
Mais je pense qu'il n'y a pas de difficulté majeure : un peu de génétique, un peu d'explications pour expliquer comment on peut envoyer du matériel (ou simplement des messages) aussi loin et aussi rapidement.

Klein - - 60 ans - 7 avril 2014


roman difficile 8 étoiles

Après avoir lu Spin et les Chronolithes, ce roman me donne une sensation bizarre.

Il a de très grandes qualités d’imagination, comme d’habitude avec les romans de Robert C.Wilson. Mais cette fois-ci, pour la première fois, je me sens très mal à l’aise dans ce texte.
L’univers qui y est décrit est un cauchemar parfaitement crédible dans lequel l’humanité est tombée sous la coupe d’une neo-aristocratie commerçante, formant des Trusts ayant tout pouvoirs, ou presque, sur les masses du futurs (toujours maltraitées, toujours pauvres).
Dans ce contexte, l’aventure spatiale n’a qu’un seul objectif : le profit. Le rapport à la nature, illustré par le contact des humains avec la planète ISIS, est donc toujours aussi violent et stupide… sauf que cette fois, les humains sont totalement dépassés.
Idées intéressantes, oui, mais assez déprimantes.

L’écriture du roman est à l’image de l’histoire : difficile.
Le texte étant truffé de nombreux néologismes qui ont tendance à embrouiller le lecteur, j’ai régulièrement dû relire certains passages pour être sûr d’avoir bien compris ce qu’avait écrit l’auteur, en particulier pendant les scènes d’actions. Rien d’insurmontable, mais cela gâche un peu le plaisir.

Bref, j’ai apprécié ce roman, mais beaucoup moins que Spin.

Neovir - Lyon - 46 ans - 19 janvier 2011