L'incertain
de Virginie Ollagnier

critiqué par Jfp, le 13 juin 2010
(La Selle en Hermoy (Loiret) - 75 ans)


La note:  étoiles
confusion des sentiments
Zoltan, 60 ans et des poussières, descendant d'émigrés "russes-blancs" installé à New York, rencontre, à l'occasion d'un enterrement à Nice Iéva, une jeune fille dont il va rapidement tomber amoureux et à qui il va confier ses souvenirs sous la forme du manuscrit d'un roman. Grâce à elle, il va enfin retrouver l'inspiration et se remettre à vivre. On oubliera l'artifice d'écriture, cher à Stefan Zweig, pour se plonger dans cette histoire déroutante, qui met en scène des personnages hauts en couleurs, riches, beaux et intelligents, au destin hors du commun. De ce qui aurait pu être un scénario de telenovela à la française, l'auteur a su tirer une analyse assez fine des ressorts troubles du comportement amoureux. On pense à Sagan, mais la qualité de la narration et l'absence de complaisance vis-à-vis de ses personnages rapprochent cette auteure de Nabokov. Un bon moment de lecture et un livre dont on se souvient...
"La mémoire a son propre classement" 7 étoiles

Et c'est bien ce qui gêne au début du roman.
Zoltan assiste à l'enterrement de Jiska, son ancienne maîtresse. Il est abordé par Iéva, la petite fille de Jiska, qui lui demande de lui raconter cette grand-mère qu'elle n'a pas connue.
Parce que Zoltan est à l'origine de la rupture entre Jiska et Dorina sa fille et la mère de Iéva. Il a été l'amant des deux et il se sent le devoir de raconter toutes ses années.
On assiste donc à l'écriture de ses mémoires tout en partageant le présent de cet homme, en plein mai 68 à Paris avec une jeune femme de 23 ans.
Lui qui a quitté la Russie enfant, a passé la plus grande partie de sa vie aux Etats-Unis pendant le maccarthisme, a vécu les années folles entouré de nombreux personnages attachants et originaux, va se retrouver pour une de ses premières fois, acteur de sa vie.
Zoltan , à sa manière d'être le spectateur, d'attendre que les personnes et les événements viennent à lui , m'a rappelé le héros de Netherland; si la vie de Zoltan est si riche, c'est grâce aux femmes de sa vie, qu'il quittera pourtant.
Si , pour ma part, le roman m'a paru long, j'admire le travail de Virginie Ollagnier dans la justesse de l'écriture où on se croit complètement dans le récit autobiographique.

Marvic - Normandie - 65 ans - 19 juillet 2010