Armageddon
de Leon Uris

critiqué par Jules, le 6 février 2002
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
La reconstruction de l'Allemagne en 1945
Nous sommes au lendemain de la reddition de l'Allemagne et tout un pays est à réorganiser, à reconstruire et à nourrir. Ce roman ne traite que de la partie occupée par les occidentaux et non par l’URSS.
Sean est un officier américain qui a étudié l'Allemagne, sa civilisation, ses problèmes, depuis bien des mois avant la libération du territoire du régime hitlérien. Il s'agissait en effet de réaliser un énorme travail dans ce pays pour le remettre sur les rails. Il est conscient de ce qu’il appelle le mental allemand : son adoration pour les idoles, sa mentalité tribale, son mysticisme ; son paganisme. Mais il est aussi conscient de son catholicisme, de son industrialisation, de la valeur de ses universités, de sa culture. C’est un des paradoxes de ce pays, se dit-il.
Arrive enfin le jour où il débarque sur ce sol et prend connaissance de la véritable étendue des problèmes qu'il aura à résoudre. Il va y découvrir aussi la réalité des camps de l'horreur et aura beaucoup de difficultés à faire abstraction de cela dans ses premiers rapports avec ce peuple qu’il ne connaît que par la théorie.
A travers lui, ses collaborateurs, les Allemands eux-mêmes, nous allons comprendre l’énormité de la tâche qu’il devra affronter.
L'administration n’aurait plus de cadres si l'on voulait en exclure toutes les personnes mouillées de loin, ou même d'un peu trop près, au nazisme. Il en serait de même pour la justice, les hommes politiques, les maires et les administrations communales. Toute la société est touchée, du haut au bas. Dans l'industrie les choses ne sont pas différentes. Si l’on veut des cadres, il faudra bien se montrer moins strict. Le pragmatisme va donc l'emporter sur la théorie.
En plus, les Américains ont devant eux un monde qui manque d’hommes et déborde de femmes, avec tous les problèmes que ça laisse supposer. Et à tout cela il faudra encore ajouter les gros soucis qui leurs seront posés par les Soviétiques ! Et le moindre ne sera pas le blocus de Berlin. Celui-ci va forcer l’Amérique à rappeler des hommes sous les drapeaux et à créer un véritable pont aérien pour nourrir la population de Berlin Ouest complètement coupée de toutes routes.
Léon Uris mène ce roman de mains de maître et nous fait vivre cette incroyable période de l'histoire à travers un roman vraiment passionnant. Ses personnages sont très vivants et riches.
Un très bon roman historique sur un sujet moins connu de nous : la reconstruction de l’Allemagne.
Je me dois de rappeler ici la violente opposition à cette politique de l’écrivain allemand Erich- Maria Remarque qui reprochera aux occidentaux de faire comme à l’époque de la fin de la guerre 14/18 : s’appuyer par trop sur des gens compromis qui ne pourront devenir que des revanchards.