L'affaire des affaires, tome 1 : L'argent invisible
de Yan Lindingre (Scénario), Denis Robert (Scénario), Laurent Astier (Dessin)

critiqué par Blue Boy, le 22 mai 2010
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Du Millenium en BD… mais en vrai !
Vous avez toujours voulu tout savoir sur la corruption financière sans jamais oser le demander ? Ou alors le sujet vous déprime ou vous paraît trop compliqué, et vous préférez imaginer que vous vivez dans l’Île aux enfants ? Dans le premier cas, n’hésitez pas une seconde, « L’Affaire des affaires » se lit comme un polar, et en plus votre point de vue sur le monde en sera changé à jamais, avec un peu moins d’innocence mais beaucoup plus d'acuité.

Le premier tome commence par exposer brièvement les déplaisantes retombées de l’affaire Clearstream dans le monde politique, avec son cortège de perquisitions et de menaces par presse interposée (notamment le fameux « croc de boucher » de Sarkozy).

Puis le récit opère un retour chronologique sur les circonstances qui ont amené Denis Robert, au départ simple correspondant dans l’est de la France pour Libé, à se passionner pour les affaires financières. Un travail à plein temps qui l’absorbe tellement qu’il va jusqu’à mettre en péril sa vie familiale. Car plus le journaliste trouvera des réponses à certaines questions, plus de nouvelles questions surgiront, l’entraînant inéluctablement vers des zones obscures et nauséabondes, gérées par des gardiens cyniques et sans visage, redoutant plus que tout la lumière de ces projecteurs que sont l’information libre et indépendante.

Robert va commencer à publier plusieurs ouvrages à succès qui vont contribuer à sa notoriété et lui permettront d’attirer de nouveaux informateurs… Ceux-ci lui révéleront comment la finance a fini par s’immiscer dans tous les domaines politiques et économiques, réduisant les élus du peuple à de simples exécutants des basses œuvres soumis aux diktats financiers et impuissants à régler les problèmes de leurs concitoyens…

Le dessin en noir et blanc jouit d’un style nerveux très approprié au propos. Curieusement, si le trait peut parfois paraître bâclé et les caricatures d’hommes politiques pas toujours très reconnaissables, cela ne gêne pourtant en rien au rythme enlevé du récit. Textes et dialogues sont bien ficelés, souvent caustiques. On souffre, on est ému et on se sent proche du « héros » (Denis Robert détesterait certainement cette appellation, lui qui estime avoir simplement fait son travail de journaliste !), tiraillé entre sa vie professionnelle intense et sa vie sentimentale et familiale.

Et lorsque cette première partie s’achève, la seule idée qui nous vient à l’esprit est de vouloir découvrir la suite, preuve si nécessaire que les auteurs ont atteint leur but, à savoir : nous intéresser à ce thème a priori peu sexy qu’est la finance, et pourtant grave menace pour nos démocraties…

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