Tchétchénie : Dix clés pour comprendre
de Comité Tchéchénie

critiqué par Dirlandaise, le 28 avril 2010
(Québec - 68 ans)


La note:  étoiles
Une tragédie qui ressemble à un génocide
Ce petit livre n’est plus à jour car il date de 2003 et depuis ce temps, la situation a évolué en Tchétchénie notamment au niveau de la soi-disant normalisation tant prônée par le Kremlin et dont Ramzan Kadyrov en est le principal exécutant. Selon la quatrième de couverture, le Comité Tchétchénie s’appuie sur un travail de plusieurs années auprès d’associations russes et tchétchènes afin de répondre à dix questions constituant chacune un chapitre de ce livre.

On y traite entre autres de l’ampleur du désastre laissé par les deux guerres russo-tchétchènes, de la responsabilité des islamistes dans le conflit, du rôle joué par le pétrole, de la façon dont Moscou organise la désinformation en exerçant un contrôle absolu sur les médias, de l’impact de la guerre sur la société russe et tchétchène et quelques autres thèmes tout aussi intéressants. Il est évident que la presque totalité du discours est pro-tchétchène ce qui était à prévoir mais un gros effort a tout de même été fait pour donner l’heure juste et brosser un tableau réaliste du combat que mène ce minuscule pays fortement nationaliste contre un géant qui cherche à l’assimiler à tout prix et cela en employant des méthodes qui relèvent de la plus pure violence d’État ce qui implique des rafles de nettoyage, des enlèvements, des tortures et des meurtres. Les civils tchétchènes ne sont pas épargnés et les souffrances de la population ne sont qu’un des effets pervers de ces conflits d’une rare intensité.

Le chapitre sur le pétrole est fort édifiant. En effet, la Russie se doit de garder le contrôle sur la région tchétchène car un oléoduc traverse le pays sur près de cent cinquante kilomètres. Mais le tube est devenu une vraie passoire et les détournements et vols sont si importants qu’un autre oléoduc a été construit cette fois en contournant la région tchétchène, ce qui implique des coûts importants et un prolongement assez considérable du parcours. Le sol de la Tchétchénie est riche en pétrole et de nombreuses petites raffineries artisanales appelées « samovars » y pullulent, permettant à une partie de la population de survivre. Il est fort intéressant aussi de lire de quelle façon Moscou contrôle l’information et exerce une terreur sourde envers les journalistes, surtout ceux travaillant pour des organisations d’aide humanitaire comme Memorial.

J’aime la Tchétchénie, je trouve que le nationalisme farouche dont son peuple fait preuve est un exemple à suivre pour tous les pays qui sont menacés d’assimilation par de grandes puissances qui cherchent à les dominer et les priver de leur indépendance, de leur identité et de leurs valeurs profondes, ce qui constitue à mes yeux un des pires crimes contre l’humanité qui se puisse commettre. La situation des Tchétchènes mérite qu’on s’y intéresse ne serait-ce que pour mieux réaliser l’importance de respecter la langue, le territoire et la culture des peuples comme eux qui refusent de mourir ou de disparaître, engloutis par ceux qui croient que l’importance de leur population et leur vaste territoire suffit à justifier leurs actes d’agression odieux et fortement condamnables. Restons vigilants et ne fermons pas les yeux sur cette tragédie qui ressemble fort à un génocide.