Le monde inconnu d'Hergé
de Bertrand Portevin

critiqué par Dirlandaise, le 19 mars 2010
(Québec - 68 ans)


La note:  étoiles
Lire Hergé avec un regard neuf et éclairé
Un mot sur l’auteur : Bertrand Portevin a fait des études de médecine, collabore à la revue « Les Amis d’Hergé » et est connu et reconnu du milieu tintinophile dixit la quatrième de couverture. Ce livre a pour but de nous faire découvrir le sens caché de l’album « Vol 714 pour Sydney » de notre cher Hergé. En effet, cet album et presque toute l’œuvre du grand bédéiste belge recèleraient une symbolique ésotérique et alchimique évidente pour les connaisseurs mais tout à fait obscure et indéchiffrable pour le commun des mortels. Donc, monsieur Portevin nous invite à relire l’album page par page avec lui et à découvrir tous les symboles cachés et les allusions subtiles qui font référence à la mythologie grecque et bien sûr, à l’alchimie et l’ésotérisme. Pour ce faire, il recommande donc à ses lecteurs d’avoir l’album à portée de la main et aussi de se munir d’un jeu de tarot de Marseille ce qui n’est pas essentiel puisque les lames sont illustrées dans l’ouvrage contrairement aux planches hergéennes, question de droit d’auteur.

Donc, nous partons à la découverte de cet album avec des yeux neufs, éclairés par les révélations de monsieur Portevin qui sont ma foi assez troublantes et crédibles pour la plupart. Les symboles se cachent dans les dessins évidemment mais aussi dans les dialogues et les onomatopées ce qui est fort intéressant et je dirais même plus, tout à fait passionnant. Le ton adopté par l’auteur est jovial et rigolo ce qui allège quelque peu la lecture et nous rend le personnage fort sympathique. Sans se prendre au sérieux, monsieur Portevin nous offre ici une analyse fort bien documentée pour ne pas dire érudite et comme il nous le dit dans sa préface, il a fait preuve d’une rigueur extrême dans ses révélations car il a passé toutes ses déductions au creuset et les a contrôlées par trois fois aux meilleures références. Et je dois dire que la bibliographie en fin de volume atteste de la véracité de ses affirmations.

Nous apprenons donc que les personnages de cette bande dessinée ne sont pas vraiment ce qu’ils paraissent être mais plutôt des dieux grecs. Exemple : Tintin serait Athéna, le capitaine Haddock représente Dionysos et Tournesol devient Hermès. Pour pousser le bouchon encore plus loin, Séraphin Lampion n’est pas du tout l’imbécile que tout le monde connaît mais plutôt Zeus en personne. Et chacune de ces affirmations est décortiquée et appuyée d’arguments solides et assez convaincants.

Je ne peux résister à vous donner quelques pistes mais sans vous révéler leur signification bien entendu. Regardez premièrement la couverture… la traînée blanche de l’avion coupe le mot VOL et cela n’est pas dû au hasard ni innocent. La page de présentation est truffée d’indices, entre autres les trois lacs sur l’île et la forme de la vignette. Rendez-vous à la page 3 et regardez Haddock à la case C3… Ensuite, pourquoi Carreidas porte-il un foulard jaune autour du cou d’après-vous ? Ses éternuements ne sont pas anodins… À la page 15, l’avion qui effiloche les voiles du navire… À la page 16, sur la vignette B1 le gros G et la forme du hublot… Le chapeau de Carreidas a une signification cachée…Mais ce sont des détails car le plus époustouflant, c’est que toute l’histoire est une expérience alchimique évidente… Enfin, je n’en dis pas plus car j’éventerais le mystère. Tiens, encore un détail pour le plaisir… À la toute fin, lorsque la famille Lampion regarde les infos, remarquez la statue sur la télé et la lampe près de la grand-mère.

J’ai beaucoup aimé cette lecture car je suis curieuse et friande d’énigmes de toutes sortes alors si vous l’êtes aussi, vous raffolerez de ce livre malgré quelques passages assez ardus et arides. Monsieur Portevin nous promet un deuxième chapitre et je l’attends avec impatience.

« C’est ici que je vous dois redire qu’avant d’entamer cette chasse au trésors ésotériques et alchimiques, j’étais très ignorant de tout ce que je vous assène avec l’air savant. J’avais quelque vernis culturel de base et j’avais un peu mis mon nez dans le « Dictionnaire des symboles », mais rien de plus. Et c’est là que tout devient magique et prend une ampleur bizarre. Chaque fois que j’avais l’intuition de quelque chose de plus, la réponse dans les livres venait après ! Comprenez-vous que je puisse ainsi affirmer que ce n’est pas une transposition de mon savoir dans l’œuvre d’Hergé que je relate ici, mais exactement le contraire ? J’arrivais vierge sur les sentiers de l’ésotérisme et c’est Hergé qui me guidait. Pas d’erreur possible ! »