Les vies privées de Pippa Lee de Rebecca Miller

Les vies privées de Pippa Lee de Rebecca Miller
( The private lives of Pippa Lee)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Pascale Ew., le 9 mars 2010 (Inscrite le 8 septembre 2006, 56 ans)
La note : 6 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (49 786ème position).
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Le passé qui refait surface

Pippa est une honnête ménagère de cinquante ans qui n’a vécu jusqu’ici que pour ses deux enfants devenus adultes et son mari vieillissant de trente ans plus âgé qu’elle. Herb et Pippa déménagent dans un village réservé aux personnes âgées et Pippa ne s’y sent pas à sa place. Elle se rend compte qu’elle a des crises de somnambulisme assez inquiétantes...
C’est à ce point du récit que l’auteur nous explique la jeunesse de Pippa et le lecteur en tombe de sa chaise ! Pippa a quitté sa famille très tôt pour échapper à une mère envahissante, shootée aux amphétamines pour éviter de grossir comme sa propre mère. Elle a ensuite vécu une vie de débauche, entre drogues, sexe et superficialités. Et le jour où elle a rencontré Herb, marié à Gigi, sa vie a basculé : elle l’a épousé, provoquant le suicide de Gigi, et s’est rangée ; elle a décidé de se consacrer à lui et à une vie de mère au foyer.
En fait, c’est l’histoire de générations de femmes qui se succèdent et tentent de ne pas reproduire les schémas excessifs de leurs mères, sans y parvenir et en tombant dans les excès contraires. Pippa, par exemple, a tenté de détacher sa fille, Grace, d’elle-même pour ne pas être envahissante, avec pour conséquence que sa fille semble ne pas l’aimer.
Mais ce revirement dans la vie de Pippa ne me convainc pas du tout : penser que quelqu’un de drogué depuis des années, qui erre dans la vie sans but et passe d’un homme à un autre sans s’attacher puisse du jour au lendemain arrêter tous les excès sans paraître en souffrir le moins du monde, je n’y crois pas. L’amour peut changer quelqu’un pendant un temps, mais pas à ce point-là ni si longtemps.

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Les éditions

  • Les vies privées de Pippa Lee [Texte imprimé], roman Rebecca Miller traduit de l'anglais (États-Unis) par Cécile Deniard
    de Miller, Rebecca Deniard, Cécile (Traducteur)
    Seuil
    ISBN : 9782020978804 ; 6,18 € ; 01/10/2009 ; 290 p. ; Broché
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Dés pipés?

4 étoiles

Critique de Deashelle (Tervuren, Inscrite le 22 décembre 2009, 15 ans) - 29 juin 2010

Dés pipés ?
Des est le père, pasteur par ailleurs, dés-interressé ? dés-espéré, dés-abusé ? Sukky, la mère de quatre enfants mâles. Elle, Pippa la fille, autre chose : le joujou d’amour de la mère réfugiée dans la pharmacopée. Privée de vie intérieure, poupée que l’on habille et dés-habille, sans aucune ambition, incapable de se trouver. Elle est née pour quitter et faire mal aux autres, immanquablement. Car elle est sans cesse rattrapée par l’intérieur fétide de son être. Elle se laissera fouetter, elle n’est jamais née, vide comme la mort des relations. Pourtant elle a tout pour être heureuse, sauf la différence d’âge, avec un mari volé qui l’a enfin stabilisée. ... Pas étonnant, il s’appelle Herb. Il a toujours fait dans la littérature et le monde de l’édition… Mais quoi, elle devient somnambule ? La folie la guette ? Le démon intérieur jamais disparu, nourri de fantasmes et de drogues, est prêt à avaler la bonne mère et la bonne épouse. Manque de père, et mère perdue la déménagent à jamais. Recherche éperdue de refuges… nomadisme des sentiments et Kvetch vivant. Le dernier homme dont elle parle, Chris est presque pasteur, comme son père. Encore un cercle de bouclé ! Des thèmes mi- sociologiques mi- psychologiques, décrits par la fille Arthur Miller.
L’évacuation d’une mémoire génétique, le peut-on ? A la fin du livre, l'ombre d'une réconciliation avec sa fille, Grace (pas innocent ce prénom!) a de quoi rompre le fil intergénérationnel qui emprisonne toutes ces générations de filles malheureuses. Lueur d’espoir? Hélas l’auteur se satisfait d’un style d’écriture assez plat – rupture avec le père ?- qui génère chez le lecteur autant d’indifférence que celle que l’on a pour les errements sexuels et hallucinés de la jeune Pippa hippie. Dommage, cela aurait donné un peu plus d’intérêt à ce livre peu palpitant dans ses trois premiers quarts, et, on l’espère, sans visée universel le!

Un livre très fidèle au film !

8 étoiles

Critique de BMR & MAM (Paris, Inscrit le 27 avril 2007, 64 ans) - 20 mars 2010

On avait été charmés par le film récent que Rebecca Miller (la fille d'Arthur) avait tiré de son propre livre : Les vies privées de Pippa Lee.
Comme il n'est pas si fréquent de voir un auteur adapter au ciné ses propres romans, on avait eu envie de lire le roman original.
Verdict : plaisir redoublé à la relecture de cette histoire, même quelques semaines seulement après le film.
L'histoire d'une femme qui arrive à la cinquantaine, femme au foyer parfaite, mariée avec Herb Lee, un successfull éditeur ... de trente ans de plus qu'elle.
À l'approche des 80 ans de son mari, ils emménagent dans une banlieue pour personnes âgées (on est aux US) qu'elle surnomme Papyland.
Les premières pages pourraient faire penser à un roman américain gnangnan décrivant avec forces détails (et beaucoup d'humour) la vie des riches.
Mais Rebecca Miller ne s'en contente pas.
Car Pippa Lee tourne en rond dans sa belle maison aux côtés de son mari vieillissant, trop vite ou pas assez, c'est selon. Elle se met à faire des crises de somnambulisme.
Et Rebecca Miller nous emmène alors à la recherche de son passé.
La mère possessive constamment speedée aux amphèt's, le père pasteur, la tante Trish lesbienne et son amie Kat fétichiste, ...

[...] Voilà ce à quoi nous n'avions pas pensé : un après-midi, tante Trish rentra du travail avec la fièvre. Elle fit tourner la clé dans la serrure, entendit Gladys Knight à fond dans sa chambre, entra en toute hâte et me trouva menottée au lit avec la jupe d'une robe à crinoline rose sur la tête, fessée par Shelly sous l'objectif de Kat qui criait « Super ! Recommence. On ne bouge plus. Génial ! Magnifique ! » Tante Trish était là, blême, tremblante et horrifiée, lorsque je me retournais et la vis. Je partis l'après-midi même, pendant que Tante Trish soignait sa grippe en dormant après avoir appelé la police et vu la femme qu'elle aimait fuir son appartement.

La rencontre avec Herb Lee (elle avait vingt ans, lui cinquante), le mariage ...
[...] Ma robe de mariée était rose très pâle. [...] J'avais l'impression d'être une novice qui prononçait ses vœux. Épouser Herb, c'était comme changer de peau, ma dernière chance d'être bonne. Je savais que si je foirais ça, je serais perdue à jamais.

La fréquentation des amis artistes de Herb ...
[...] Eh bien, ils m'incorporèrent, comme des raisins secs dans la recette d'un gâteau qui n'en exige pas mais où ils ne gâcheront rien non plus.

Ensuite jusqu'à Papyland, la boucle est bouclée.
L'écriture est fluide et agréable et Rebecca Miller parsème le parcours de Pippa Lee de petits grains de folies, des petits grains de poivre qui lui donnent moult occasions de très belles pages.
Le papillon Pipa des folles années 70 était rentré trop sagement dans son cocon : la très belle fin de l'histoire lui permettra d'éclore à nouveau.
Un très beau portrait de femme, à l'écran comme sur le papier.
Un livre qui devrait plaire au plus grand nombre et tout autant satisfaire les lecteurs exigeants.
Ceux qui étaient restés sous le charme du film peuvent se replonger confiants dans le bouquin : plaisir garanti.
Les autres ont l'occasion de se rattraper !
Quand à nous, noius voici condamnés à revoir le film qui vient de sortir en DVD !
Un livre où l'on découvre qu'à cinquante ans on peut encore mettre le bazar dans la classe du cours de poterie de Madame Mankevitz.

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