A la recherche de Jacques Chirac
de Jean-Robert Jouanny, Thomas Lavielle

critiqué par Veneziano, le 6 mars 2010
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Une promenade de potaches
Deux grands bambins de Science-Po Paris décident de faire un livre sur Jacques Chirac, d'abord par bravade, pour, ensuite, se laisser prendre au jeu. Aussi se retrouvent-il à se balader gaiement dans l'austère Corrèze, à rencontrer les personnes qui l'ont entouré, Jean-Louis Debré, Pierre Mazeaud, François Baroin, Frédéric Salat-Baroux, sans, pour autant, arriver à aborder les gens de tout premier plan et l'intéressé lui-même... qui se laisse visiblement toujours chercher.
Nos deux glandeurs galants n'analysent pas, touchent des symboles en surface, les effleurent, comme pour ne pas ternir l'image de celui dont ils déclarent être tombés amoureux. Ils ne s'interrogent jamais sur ses zones d'ombre, ses détestations, ni même son action. Ils partent bien en recherche, mais comme pour voguer, en évitant de rentrer véritablement dans leur sujet. On n'en retire que quelques anecdotes gentillettes et aimables témoignages.
Le ton badin qui est ici employé fait presque penser à une plaisanterie, à un immense gag que n'aurait pas renié Yann Barthes, du Petit journal de Canal plus. L'excuse principale qu'on peut leur trouver est évoquée en prolégomènes: Jacques Chirac évoque leur enfance ; les braves auteurs sont nés l'année de son retour à la tête du gouvernement. C'est mignon et un peu court. Je vais réfléchir à un livre sur Valérie Giscard d'Estaing, Laurent Fabius, Bernard Pivot, Christine Ockrent, Anne Sinclair, Jeanne Mas, Louis Mermaz, Desireless, Jean-Luc Lahaye ou Jean-Claude Bourret.

Plus sérieusement, et pardon pour mon ironie facile, mais je n'ai pas compris l'apport de ce livre : qu'est-ce que cela nous apprend ? Rien d'essentiel n'est véritablement avancé. Chirac fonctionne à l'affect et son expérience en Corrèze a modelé son parcours : au risque d'être rabat-joie, ce n'est pas bien novateur. J'ai l'impression que les deux jeunes auteurs se sont fait plaisir à baguenauder et contacter du beau monde. C'est dommage. Ils ont pris du bon temps et ont couché sur le papier de belles heures.