Philippe Claudel est un touche à tout. Roman, livre pour enfants, cinéma, théâtre, il s’essaye à tous les genres et tout lui réussit. « Le paquet » est sa deuxième pièce, un monologue au cours duquel un homme livre au public les heurs et malheurs de sa vie. A ses côtés, un énigmatique paquet, lourd et encombrant, qui semble contenir les vestiges du passé de cet homme vieillissant et fatigué. A moins que, comme les didascalies le suggèrent, il ne s’agisse de tout autre chose…
Tour à tour exalté et abattu, joyeux et triste, il démêle l’écheveau de ses souvenirs, pour mieux les emmêler de nouveau. Et se montre lyrique pour évoquer cette société qui, quoi qu’il dise, semble l’avoir laissé au bord du chemin. Car sans savoir ce qui lui est arrivé, le décalage entre son récit et son attitude est trop grand pour ne pas susciter le doute et le questionnement.
Et si cet homme est lyrique et drôle, c’est dans le genre caustique qu’il s’inscrit. Tout y passe, de l’armée aux imbéciles, en passant largement par le politique. C’est là que les choses se gâtent, car si certaines phrases sont indéniablement belles, j’ai trouvé leur effet quelque peu facile. Les propos de cet homme seul sont le plus souvent une accumulation de clichés, dont voici un petit florilège :
« Le monde est complexe, comme les gens qui le hantent ».
« C’est agréable les imbéciles. Il n’y a pas de quoi en rire. Ils sont toujours heureux. Ce sont des leçons de bonheur. Ils nous apaisent. »
« Nous mourons de posséder. Nous possédons trop. Trop d’argent. Trop de choses. Nous étouffons. »
« L’argent, c’est une chaîne trop lourde à porter ».
« Les progrès de l’humanité dépassent l’humanité. »
En résumé, si cette lecture est plaisante, il est dommage que ce paquet si pesant s’avère être en fin de compte si léger !
Aliénor - - 57 ans - 26 mai 2010 |